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Critique de « La Haine » par Axel

Killing in the name of ?

Ce film est sorti en 1995 l’année de ma naissance, il va donc avoir 20 ans cette année, lors de sa sortie le film avait beaucoup fait parler de lui de par son sujet sensible ainsi que de sa manière à traiter le dit sujet des « banlieues » et des émeutes suite à des violences policières qui ont mené à la mort d’un jeune Français dans un poste de police, c’est dans cette ambiance de révolte populaire que Mathieu Kassovitz réalise son deuxième film et sûrement son plus connu « La Haine » ont pouvaient espérer que ce film soit devenu histoire, qu’il puisse témoigné d’une époque révolue, malheureusement à l’aube de son vingtième anniversaire il est de plus en plus d’actualité.

Je n’étais pas prêt à recevoir la claque que j’ai reçu lors de ce premier visionnage, ce qui interpelle dès les premières minutes sont les choix artistiques de Kassovitz, le film est d’un noir et blanc somptueux avec des contrastes très travaillés qui accroche dès le premier regard, nous somme embarqué dans cette aventure de trois jeunes de cités, Vinz, Saïd et Hubert brillamment interprété par Vincent Cassel, Saïd Taghmaoui et Hubert Koundé (à l’époque où ils n’étaient encore connus de personnes), qui suite à la découverte d’une arme à feu vont se retrouver confrontés à différents choix moraux développés durant le film qui vont malgré leurs refus changer leurs vies pour toujours, pour arriver à un climax final dantesque et intense comme rare films a su le faire, nous les accompagnons dans leur périple à travers de superbes plans séquences qui parsèment astucieusement le film tout en ayant l’audace d’être très impressionnant techniquement. Le réalisateur effectue aussi un travail remarquable sur la profondeur de champ pour symboliser la perte de repère des jeunes dès qu’ils ne sont plus dans un environnement familier, et pour finir sur la réalisation parfaite de ce film, Kassovitz a une fascination pour les miroirs, qui se concrétise à l’écran par des plans de jeux de miroir qui m’ont fait me poser cette question que je me pose assez rarement surtout depuis l’émergence du cinéma numérique, « Comment ont-ils fait ce plan ??? », mais ici pas de numérique tout a été tourné sur pellicule ce qui rend la performance encore plus impressionnantes.

Mathieu Kassovitz nous trimballe majestueusement dans une histoire, qui respire l’authenticité et le vécu, les personnages sont extrêmement bien développés ayant chacun un caractère différent ce qui les rend encore plus attachants. Les dialogues sont des plus percutants, car les personnages s’expriment comme n’importe quel jeunes, bien sûr de nos jours cela parait dérisoire (quoique ?) mais à l’époque il n’y avait quasiment aucun film traitant de la jeunesse de manière aussi brut, sans les aprioris et les paillettes aux yeux qu’imposaient souvent les réalisateurs bien Parigot qui refusait de voir la réalité telle qu’elle l’était et qu’elle continue d’être. « La Haine » c’est une histoire coup de poing qui résonne encore plus fortement aujourd’hui, le scénario étant très bien romancé et écrit, il en profite pour dénoncer pas mal de problèmes de société, tel que la vision des banlieues par les médias, les violences policières ou encore le manque de repères de ces jeunes à qui l’on répète  à longueur de journée qu’ils ne seront jamais bon à rien. C’est de l’évocation de ses sujets difficiles que l’on sent, à travers un montage dynamique plutôt habile, la montée en puissance du quatrième personnage du film qui n’est autre que le sentiment de la Haine, celle qui nous empare et qui ne nous lâche pas même après la fin du film, elle qui est là lorsque l’on assiste à des situations d’injustices que ce soit durant le film ou dans la vrai vie avec ce sentiment d’impuissance qui nous remet à notre place en tant que simple être humain, cette réaction presque bestiale qui sommeille en chacun de nous « La haine attise la haine » ce film traite de ce sujet et de toutes les autres brèches qu’ils ouvrent avec brio. Pour finir cette critique je vous propose une citation d’Hubert qui ouvre le film de cette manière, avec cette phrase que l’on retrouvera plusieurs fois durant le film, et qui le caractérise parfaitement.

C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de 50 étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute, il se répète sans cesse pour se rassurer : « Jusqu’ici tout va bien… Jusqu’ici tout va bien… Jusqu’ici tout va bien. » Mais l’important, c’est pas la chute. C’est l’atterrissage.

Hubert, La Haine.

Axel

Le cinéma semble être une addiction dont on ne se débarrasse pas facilement. C'est pour partager cette passion que j'ai créé ce site, vous pouvez me lire dans les critiques que j'écris et aussi m'écouter dans les émissions audio produites par MoviesNerd.

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