Critique de « Boyhood » par Quentin
(A écouter en lisant la critique : https://www.youtube.com/watch?v=1r-XxC0mba8)
On ne présente plus « Boyhood ». 6 nominations aux Oscars 2015, lauréat du prix de la meilleure actrice dans un second rôle pour la magnifique Patricia Arquette. 12 ans de tournage (du jamais vu). Une critique unanime. Des spectateurs conquis.
Ce n’est pourtant qu’un an après sa sortie dans les salles obscures que je me suis lancé dans les deux heures et quarante cinq minutes du film, qui m’ont semblé se dérouler aussi rapidement qu’une enfance bien mouvementée, comme celle de Mason. Je pourrais reprocher des tas de choses au film : Une approche un peu manichéenne des relations familiales, un personnage principal assez froid au fur et à mesure de son évolution, et pourtant, de manière indéniable, tout fonctionne dans « Boyhood ». Richard Linklater filme la vie au plus près, dirige ses acteurs avec amour. La simplicité du récit est aussi ce qui fait sa plus grande force, on est embarqué aux côtés de cette famille et l’impression d’en avoir fait partie subsiste à la fin du long métrage. Ethan Hawke & Patricia Arquette portent le film avec une douceur infinie, on sent une vraie passion pour le projet dans lequel ils se sont lancés. Ellar Coltrane incarne un personnage qui évolue à sa manière : ce n’est pas un bagarreur, pas un « garçon à problèmes », il n’est pas débordant de vie ni plein de facéties, non rien de tout ça, il est lui même, agit selon sa propre envie. Les directions que prend le protagoniste montre la liberté de composition qu’a laissé Richard Linklater à ses interprètes, un parti pris qui s’avère payant. Véritable morceau de vie, portrait de femme ahurissant de beauté et représentation de l’adolescence de la plus belle des manières, l’une des réussites de « Boyhood » est également de faire graviter ses personnages dans un contexte culturel et historique bien réel par lequel nous sommes tous passés et qui parlera à tous.
Plus qu’un simple long métrage, « Boyhood » est presque un film essentiel, nécessaire et majeur dans l’histoire du cinéma. Cette fresque ponctuée d’instants de joie et de tristesse pourrait très bien être étudiée en cours dans un futur proche pour son analyse pertinente du passage de l’enfance à l’âge adolescent (puis à l’âge adulte), pour sa description soignée et détaillée du quotidien d’une famille dans l’Amérique des années 2000. Tellement riche, tellement inspiré, le film est porté par une sublime bande originale où l’on peut retrouver « Arcade Fire », « Family of the Year » et bien d’autres. Délicat et vertigineux, on ressort épuisé de cette véritable odyssée, épuisé et regonflé à bloc pour les trente ans à venir, prêt à vivre tout simplement. Fait de petits riens, minutieux et passionnant, « Boyhood » est une chronique familiale inoubliable, probablement l’un des plus grands films de la décennie.
Note : 4,5/5.
« Boyhood », film américain de Richard Linklater; Sorti le 23 juillet 2014 dans les salles françaises ; Avec notamment Ellar Coltrane (Mason), Patricia Arquette (Olivia), Ethan Hawke (Mason Sr.), Lorelei Linklater (Samantha), Zoe Graham (Sheena), …
Synopsis : Chaque année, durant 12 ans, le réalisateur Richard Linklater a réuni les mêmes comédiens pour un film unique sur la famille et le temps qui passe. On y suit le jeune Mason de l’âge de six ans jusqu’ à sa majorité, vivant avec sa sœur et sa mère, séparée de son père. Les déménagements, les amis, les rentrées des classes, les premiers émois, les petits riens et les grandes décisions qui rythment sa jeunesse et le préparent à devenir adulte…