Critique de « Cinquante Nuances de Grey » par E-Stark
« Je ne fait pas l’amour, je baise brutalement. »
Jamie Dorman – « Cinquante Nuances de Grey » – Sam Taylor-Wood (2015)
Cinquante Nuances de Grey voilà bien un film qui était attendu par des hordes de fans en délire. Force est de constater que le résultat est bien loin d’être convaincant, au contraire il demeure très pauvre et même choquant dans les messages qu’il véhicule …
Sans mentir, le film n’est vraiment pas sympa avec les personnes qui pratiquent le BDSM. D’une part car il donne une image totalement erronée et abjecte de cette pratique, et d’une autre parce qu’il la place au centre d’une relation qui ne s’y prête pas. Que les choses soient bien claires, le BDSM n’a rien à voir avec le viol, bien au contraire il prend forme des notions de respects qui sont de toute manière évidente lorsque l’on parle de l’acte sexuel en lui-même.
Présenter ainsi une pratique pour parler d’un viol consenti (parce que c’est clairement cela dans le film), n’est vraiment pas la meilleure écriture qui soit.
A l’image de cette Anastasia qui rêve de son prince charmant et croit le trouver en la personne du beau Christian Grey, nombreuses sont les jeunes filles qui se font avoir à cause de ces stéréotypes. Peut-on pour autant dire de Cinquante Nuances de Grey qu’il est un film malsain ? Non, assurément non, il est seulement très maladroit. Cela se voit dans l’écriture bien entendu, mais aussi au travers des acteurs, ces derniers demeurent malheureusement fades. Est-ce par manque de charisme, ou bien cela vient-il de la composition de ces protagonistes ? Certainement d’un peu des deux.
Quant à la mise en scène de Sam Taylor-Wood, si elle ne demeure pas vilaine et propose même certaines scènes plutôt jolies, elle se révèle néanmoins bridée par la sagesse que le film s’acharne à garder pour convenir au plus grand nombre. Survolée de chansons branchouilles qui viennent ponctuer les ébats sensuels des deux personnages, cette réalisation manque cruellement de teneur et de rythme, si bien que l’ennui s’installe rapidement.
Même si je demeure persuadé que l’on peut faire un bon film en adaptant un mauvais livre, il faut bien avouer que ce n’est pas avec ce Cinquante Nuances de Grey. Résolument plat et sage, et pourtant si maladroit qu’il en devient insultant pour les adeptes du BDSM. Dommage …
Ma note : 3/10