Critique de « Jurassic Park III » par E-Stark
« Les pires choses imaginables ont souvent été faites avec les meilleures intentions. »
Sam Neil – « Jurassic Park III » de Joe Johnston (2001)
Jurassic Park III a la lourde tâche de reprendre le flambeau des deux premiers films réalisés par Steven Spielberg. Ici c’est Joe Johnston qui est chargé d’assurer ce nouveau segment et force est de constater que si la bonne volonté du bonhomme est bien présente, le résultat lui est bien moins convaincant.
On aurait pu envisager plein de choses avec ce troisième film, il aurait pu clore la trilogie habilement et cela n’aurait même pas posé de problèmes pour envisager un nouveau film plus tard. En effet les romans de Crichton regorgeant encore d’éléments non portés au cinéma, le scénario aurait pu aborder l’idée du virus DX, censé causer la fin des dinosaures (à nouveau !), ou bien tout simplement comme on peut le lire dans de récentes fan-fictions, parler du tourisme illégal sur Isla Nublar et Sorna pourtant en quarantaine, les dinosaures ayant été dévoilés à la face du monde après l’incident de San Diego dans Le Monde Perdu.
Notons tout de même que le film a évité d’intégrer l’idée de dinosaures/humains hybrides, une aberration dénotant complètement avec l’ambiance des films déjà sortis et faisant sombrer ce qui avait été jusque-là une pertinente critique de la science, en une vulgaire série Z totalement foireuse. Accordons au film le crédit d’avoir été plus simple, plus sobre et surtout assez malin pour ne pas à aller se fourrer là-dedans.
Mais je vous voir venir : « Oui mais c’est pas un peu ce que Jurassic World fait avec les dinos hybrides et le concept des dinos dans l’armée ? »
Non, ce que fait Jurassic World est totalement différent, jusqu’à présent du moins.
Alors que dire au final de ce Jurassic Park III, et bien il s’agit tout simplement là d’un film d’aventure avec des dinosaures. Un peu à la manière du deuxième volet c’est vrai, sauf que ce dernier avait de vraies thématiques derrière et un message. Jurassic Park III n’apporte rien de ce côté-là, le film fait très bien son job en terme de divertissement c’est certain, mais il ne raconte véritablement rien de plus que ce que les deux autres ont déjà dit.
Doit-on cependant tout mettre sur le dos de Joe Johnston ? Pas totalement. Jurassic Park III est le fruit d’une production assez catastrophique, un film qui a subit de nombreuses réécritures, certains acteurs ont même étoffés eux-mêmes l’écriture de leur personnage, tant ces derniers avaient été bâclés.
Malgré la bienveillance de la productrice Kathleen Kennedy qui essayait de recoller les morceaux entre les différents partis liés au film, Spielberg a progressivement délaissé son rôle de producteur exécutif (bien que crédité au générique) et Joe Johnston a pris la décision de faire le meilleur film possible avec ce qu’il avait sous la main. C’était certainement d’ailleurs la meilleure des décisions à prendre, le film ayant déjà engloutis un nombre considérable de dollars.
En résulte donc quelques belles scènes, notamment celle de la volière dont Johnston rêvait apparemment depuis longtemps au sein de la franchise. Il est vrai que cette dernière est excellente, les reptiles volants y sont présentés comme des méchants très charismatiques, l’action et le suspense sont également parfaitement gérés ici.
Les fameux raptors ont droit à un relooking assez vulgaire, dimorphisme sexuel, proto-plumes sur la tête, mais ces derniers gagnent en écriture sur ce qu’ils ont perdu visuellement. On met enfin en scène leur intelligence et leur cohésion de groupe, élément qui sera d’ailleurs reprit et plus poussé encore dans Jurassic World.
Le nouveau grand méchant de cette histoire prend les traits d’un Spinosaurus aegypticus, censé détrôner le T.rex dans l’esprit du public, le dinosaure est en effet impressionnant mais l’une des scènes phares au début du film vient complètement anéantir l’idée visant à le rendre emblématique au sein de la franchise. Lors de son combat contre un tyrannosaure, il ressort grand vainqueur en tordant littéralement le cou du Rex. Scientifiquement foireuse et illogique, la scène a bien marquée les fans, mais pas dans le bon sens. Assurément il s’agit-là de la plus mauvaise idée de Johnston concernant le film. Néanmoins Colin Trevorrow jugera bon dans son Jurassic World de mettre en scène le T.rex défonçant un squelette de spinosaure, la boucle est bouclée.
Le casting quant à lui semble un peu perdu au milieu de tout cela. Si Sam Neil semble plutôt heureux de se retrouver face aux dinosaures à nouveau dans la peau d’Alan Grant, William H.Macy quant à lui ne nous gratifie pas de son talent habituel, et pour cause il a avoué avoir détesté ce tournage. Téa Leoni en revanche semble s’amuser, mais campe le rôle le plus insupportable des quatre films confondus. Elle est un peu comme j’aime souvent le dire, la Jar-Jar Binks de la franchise Jurassic Park !
La musique est signée Don Davis et hormis un ou deux thèmes plutôt jolis, il faut bien avouer qu’il ne réussit pas le même exploit que Michael Giacchino pour Jurassic World, chargé pourtant comme lui de reprendre le flambeau laissé par le monumental John Williams.
Jurassic Park III s’apparente donc au final à un simple film d’aventure, assez bien orchestré il faut l’avouer, mais qui n’apporte rien de plus à la franchise. Certaines mauvaises idées du film ne lui rendent pas grâce non plus. Un troisième volet en demi-teinte donc, qui cependant laisse quelques souvenirs, même si ces derniers ne sont pas forcément tous bons.
Ma note : 6/10