Critique de « La Belle au Bois Dormant » par E-Stark
« Quand on fait le même rêve plusieurs fois,
on dit qu’il se réalise un jour. »Jeanine Forney, la voix d’Aurore – « La Belle au Bois Dormant » de Clyde Geronimi (1959)
« La Belle au bois dormant » c’est un peu le conte de fée à son paroxysme. Les studios Disney signaient à l’époque avec ce film ce qui allait devenir l’un des plus beaux et plus célèbres de la franchise.
Révolutionnaire en terme d’animation, comme avait pu l’être « Blanche-Neige et les Sept Nains » une bonne quinzaine d’années plus tôt, ce long-métrage s’impose dès sa sortie comme une nouvelle étape dans le cinéma d’animation, bien qu’il n’ai acquit sa notoriété que longtemps après sa sortie. On peut par contre lui reprocher sa trop courte durée, l’histoire se tient, mais cependant le dernier acte est vite expédié, certainement pour des causes liées au budget.
Outre cela c’est un vrai plaisir d’admirer ces dessins qui rappellent ceux des enluminures médiévales, le parti pris artistique de ce film n’est pas seulement beau, mais il est aussi intelligent car il permet de donner le ton et la tension qui survole cette histoire. Notamment lors des apparitions du personnage de Maléfique, qui est une méchante vénéneuse et sournoise, une mauvaise fée que l’on aime détester. Le contraste avec l’univers féerique, incarné par Aurore et sa symbiose avec la nature et les animaux, symbole de la pureté engendrée par les dons des trois Bonnes Fées (Primprenelle, Pâquerette et Flora), est d’autant plus intéressant puisque le film verse évidement dans un manichéisme constant, ce qui n’est cependant pas un défaut puisque d’une part il s’agit d’un conte de fée mais aussi par ce que c’est grâce à ce symbolisme simple que le film vient s’adresser directement au plus jeune public.
On peut en effet comme dans beaucoup d’autres films du studio, observer plusieurs symboles dans « La Belle au bois dormant ». Car si le film s’écarte des versions originelles (plus précisément celle de Giambattista Basile, « Le Soleil, la Lune et Thalie »), notamment en ce qui concerne le viol d’Aurore par le Prince Philippe pour la réveiller de son sommeil, ici remplacé par le baiser (propre au conte de Charles Perrault dans sa volonté de s’adresser à des lecteurs plus jeunes), les concepteurs du film ont certes décidés de s’adresser à un public large, mais n’ont pas pour autant omis les symboles plus sombres et même scabreux qui incombent l’histoire originale. Le plus explicite étant probablement la tour dans laquelle Aurore est retenue prisonnière par l’envoûtement de Maléfique. La tour représente une forme phallique dressée devant le prince qui viendra délivrer la princesse pour assurer la survie du royaume.
Bien évidemment c’est la poésie et l’univers enchanteur du film qui prônent avant tout. Ainsi les chansons s’enchaînent, et les instants comiques également. L’ensemble demeure cohérent, bien que trop court bien entendu.
L’un des meilleurs et des plus importants chef-d’œuvre des studios Disney, « La Belle au bois dormant » s’impose comme un incontournable, d’une part pour son animation splendide, mais aussi pour ses métaphores sur le parcours initiatique de jeune fille vers la femme.
Ma note : 9,5/10