Critique de « Maléfique : Le Pouvoir du mal » par E-Stark
« Je me souviens de l’histoire d’une terrible sorcière et de la princesse
qu’elle avait plongé dans un sommeil éternel. »
Michelle Pfeiffer – « Maléfique : Le Pouvoir du mal » de Joachim Ronning (2019)
En 2014 les studios Disney tentaient le diable en révisant l’un des plus célèbres contes de fées, celui de La Belle au bois dormant. Le film s’imposait comme une relecture, Le Pouvoir du mal quant à lui est un nouveau segment de celle-ci.
J’avais beaucoup attendu Maléfique qui réunissait tous les ingrédients pour me plaire, notamment Angelina Jolie dans le rôle titre ainsi qu’un univers féerique. Le spectacle était au rendez-vous et à vrai le constat n’est pas si différent pour cette suite. Les studios Disney sont décidément bien plus intéressants sur des exercices de relecture comme Maléfique et cette suite. Cela donne naissance à des oeuvres qui se détachent suffisamment du support d’origine tout en en reprenant les meilleurs aspects. Néanmoins ma préférence demeure être pour le film de 2014, car si Le Pouvoir du mal ne manque pas d’atouts, son histoire dans le fond, pourrait très bien fonctionner avec d’autres personnages, autres que ceux du conte de Charles Perrault.
Il s’agit à nouveau de jouer sur les apparences souvent trompeuses, et en cela le film fonctionne, notamment en amenant habilement au détour d’une phrase prononcée en voix-off, que l’on a retenu du conte que c’était le prince qui avait réveillé Aurore et non pas Maléfique. Dit comme ça forcément ce n’est rien, mais cela vient pourtant donner une logique à cet univers dans lequel la puissante fée n’est finalement ni bonne ni mauvaise. Au-delà de cela, le scénario demeure très classique, la suite est là pour capitaliser c’est évident, mais la recette fonctionne. Cette histoire de tolérance et d’utopie peut faire sourire mais replacée dans un contexte plus réaliste, elle prend tout son sens tant il s’agit-là d’un combat mené au quotidien par des milliers de gens sur cette terre.
Le film ne brille pas par l’originalité de son scénario, ni par son imprévisibilité. Si en 2014 le film de Robert Stromberg avait pu surprendre quant aux choix fait dans l’écriture, ici il n’en n’est rien. Cela étant, dès lors que nous ne sommes plus dans la démarche de nous faire à l’idée que la terrible sorcière maudissant un nouveau né n’était finalement qu’une femme bafouée, Le Pouvoir du mal part donc sur une base plus simple mais qui permet aussi d’aller plus loin dans l’efficacité. Bien sûr la relation entre Aurore et Maléfique fonctionne toujours autant et ne perd pas en crédibilité, d’autant plus qu’Angelina Jolie et Elle Fanning sont impeccables, néanmoins il semble évident que le film ici se veut plus divertissant, sans laisser pour autant de côté son univers, qui s’étoffe donc un peu plus ici.
Pour ce qui de la partie visuelle, le film est globalement très joli. Outre un aspect féerique parfois rose bonbon totalement assumé, le film gagne aussi parce qu’il s’autorise quelques instants plus sombres, notamment le réveil de Maléfique chez les fées noires. Visuellement le film ne manque pas de bonnes idées, idem pour la mise en scène certes académique mais solide et efficace de Joachim Ronning. Les scènes de vol sont particulièrement réussies, à l’instar de la dernière demi-heure qui sort l’artillerie lourde pour illustrer le siège d’une forteresse que l’on a rarement vu de cette manière. A noter que James Newton-Howard laisse ici sa place de compositeur à Geoff Zanelli qui s’en sort très bien et reprend évidemment certains morceaux phares du premier long-métrage.
En terme de casting il n’y a pas grand chose à dire hormis qu’Angelina Jolie est à nouveau impeccable, le rôle lui convient parfaitement elle semble s’amuser tout autant que sur le premier film, même si elle sait également se montrer plus nuancée quand il le faut. Elle Fanning en revanche incarne une Aurore plus adulte, moins nunuche que dans le film précédent, ce qui n’est pas une mauvaise chose, tout au contraire ! Son beau prince n’est plus incarné par Brenton Thwaites, parti faire le pirate aux côtés de Johnny Depp, il est ici remplacé par Harris Dickinson qui a la chance d’avoir plus de choses à jouer et qui s’avère en plus tout à fait juste. Quant à la grande méchante de cette histoire, c’est Michelle Pfeiffer qui s’en charge. Moins vénéneuse qu’une Charlize Theron pour Blanche-Neige et le Chasseur, mais l’actrice s’en sort très bien et compose un personnage certes prévisible mais assez jouissif tant il est détestable. Warwick Davis fait également une petite apparition. En revanche là où ça se corse c’est concernant Ed Skrein, qui est clairement un acteur très moyen, idem pour Chiwetel Ejiofor qui d’habitude est excellent, il est ici complètement sous-exploité.
En somme Maléfique : Le Pouvoir du mal est une suite convaincante, certes il ne s’agit ni du film du siècle ni même d’un divertissement extraordinaire, mais pour ma part je compte pas bouder mon plaisir. En revanche un troisième film n’est évidemment pas nécessaire.