Critique de « Miss Peregrine et les Enfants particuliers » par Axel
Tim ? Mais qu’est-ce que t’a fait Tim ? On y croyait, moi le premier, à la renaissance du phœnix macabre, à la réincarnation du conteur ensorcelant et majestueux qu’un jour lointain tu étais. Après avoir connu les limbes de l’enfer, le genre d’abîme qu’on ne souhaiterait même pas à ses pires ennemis, tu étais miraculeusement revenu, petit à petit je te l’accorde, mais tu commençais à voir la lumière au bout du tunnel avec des projets simple et efficace comme « Frankenweenie » et « Big Eyes ».
Et maintenant le grand Burton retournait à son genre de prédilection : le fantastique, il y avait de quoi être impatient surtout après ces bandes annonces plus que prometteuses de « Miss Peregrine et les Enfants particuliers ». Mais après tous ces efforts j’ai envie de dire : Tout ça pour ça ?
Alors attention tout n’est pas à jeter, ne te méprends pas et comme je suis quelqu’un de plutôt positif en général je commencerais par te dire ce que j’ai apprécié. Tout d’abord on ne peut rester qu’admiratif devant tes choix d’effets spéciaux ce n’est pas parfait bien sûr, il y a deux ou trois bavures de temps en temps mais juste le fait que tu aies décidé d’utiliser de la stop motion pour un moment de 3 minutes dans le film, comme un hommage resplendissant à Ray Harryhausen alors que tu aurais clairement pu te reposer sur de l’imagerie numérique, sur ce coup-là je te tire mon chapeau. Les CGI ainsi que tous les effets impliquant les pouvoirs surnaturels des êtres peuplant ce film, sont vraiment réussis dans l’ensemble donc sur ce point-là tu peux vraiment être fier.
Ta réalisation sans être exceptionnelle ni très inspirée reste quand même plutôt maîtrisée, par contre c’est très carré et même parfois très chirurgical ce qui donne un ensemble assez froid et qui peut sembler impersonnel. Le travail sur les lumières renforce cet aspect de froideur de l’image, qui fonctionne à certains moments et qui paraît un peu redondant à d’autres.
Concernant l’histoire, je suis assez mitigé, le film se suit plutôt agréablement pendant une bonne heure, les personnages sont assez intéressants même si il y a quelques fausses notes qu’on te pardonnera facilement puisque nous savons très bien que tourner avec des enfants ce n’est pas facile, les mystères entourant le refuge pour enfants de Miss Peregrine nous tiennent en haleine malgré les quelques moments où l’on sent que ceux-ci sont vraiment forcés pour donner au film une simili ambiance sombre et macabre. Bref tant que le mystère règne tout va bien mais à partir du moment où les explications font surface, le film se transforme en grand n’importe quoi visuel et narratif qui va tendre vers l’illogisme le plus complet et la destruction des règles intrinsèques à la diégèse du film. Je fais principalement référence à la scène de la fête foraine et tout ce qui découle de celle-ci, même si les graines de l’incohérence scénaristique sont plantés un peu avant cette scène c’est durant celle-ci qu’ils font surface de manière fracassante.
Je rentrerais plus dans les détails lors de notre prochain épisode du podcast MoviesNerd, car je risquerais de Spoiler le lecteur en expliquant complètement ce qui m’a gêné, mais sache que cela concerne certains personnages et principalement l’aspect voyage dans le temps extrêmement confus à partir d’un certain point du film. Et le montage désastreux n’aide pas du tout à la compréhension des trente dernières minutes du film qui, même après avoir relu un résumé sur Wikipédia, n’est pas du tout cohérent avec lui-même.
Concernant les acteurs c’est assez inégal, dans l’ensemble pour les enfants le niveau oscille entre plutôt bon et assez moyen, Asa Butterfield n’est franchement pas terrible et à du mal à convaincre quand à Eva Green, elle a toujours ce jeu très spécifique qui fonctionne dans certains films et pas du tout dans d’autres selon moi et malheureusement dans celui-ci je trouve que ça ne fonctionne pas. Le seul qui a l’air de véritablement s’amuser est Samuel L Jackson qui en fait des tonnes et qui s’éclate à combattre des enfants.
La musique n’est pas non plus très inspiré, on retiendra un ou deux thèmes plutôt sympa, mais le reste semble être du remâché de tous les films fantastiques des 20 dernières années.
Pour conclure je te dirais que j’ai été le premier déçu de ne pas aimer ton film, je l’attendais de pied ferme et il s’agissait d’une de mes plus grosses attentes de cette fin d’année. Le tableau final n’est ni tout blanc ni tout noir, je crois encore en toi pour tes futurs projets et tu n’es pas enterré comme certains peuvent le dire ça et là. Mais pendant le film à un moment complètement absurde où j’avais du mal à croire ce que je voyais une idée m’est venue en tête, je repensais aux films que j’avais vus en octobre 2015 et à ce moment-là le déclic, « Crimson Peak » le film de Guillermo Del Toro était sorti il y a un an de cela, je repensais à toutes ces magnifiques scènes, cette ambiance sombre et macabre non faussée et maîtrisé à la perfection, cette histoire passionnante à suivre du début à la fin, bref tout ce que j’espérais voir dans « Miss Peregrine et les Enfants particuliers » se retrouvais dans un film sorti il y a un an de cela.
C’est à ce moment précis que j’ai compris que toi, Tim (bien que je ne te considère pas has-been et que je continue à penser que tu as encore de belles choses à nous offrir) tu t’étais fait devancer depuis un certain moment par ce bon vieux Guillermo et que tu n’arriveras sûrement jamais à le rattraper et bien que je ne sois pas ton plus grand fan, je trouve ça malgré tout bien dommage.
Axel