Critique de « Star Wars Episode VII : Le Réveil de la Force » par E-Stark
« C’est vrai, tout est vrai, la Force, les Jedis. »
Harrison Ford – « Star Wars Episode VII : Le Réveil de la Force » de J.J. Abrams (2015)
Attendue comme le Messie par des hordes de milliers de fans à travers toute la planète, la saga dont l’histoire se déroule dans une galaxie lointaine, très lointaine revient en 2015 sous la caméra de J.J. Abrams et la houlette de Walt Disney Picture.
Difficile d’être objectif sur le nouvel épisode d’une saga que l’on apprécie, même si pour mon cas je n’ai découvert les six autres épisodes il n’y a que trois ans (mais rassurez-vous, mon enfance n’a pas été malheureuse pour autant), je dois avouer apprécier beaucoup les épisodes IV,V et VI, moins les I,II,III en revanche. Néanmoins j’étais assez impatient à l’idée de découvrir ce nouvel opus, annoncé comme un retour aux fondamentaux tout en étant une vraie suite.
Pourtant force est de constater que si le film s’inscrit en effet de manière logique et fluide dans la continuité des épisodes précédents, sa ligne narrative pose problème. La franchise n’appartient véritablement plus à Georges Lucas mais bien aux fans, et c’est en vrai fan de Star Wars que Abrams a réalisé son film. Qu’on se le dise il s’agit là de la force et de la faiblesse du film.
Si visuellement et en terme de thématiques, le film est impeccable et propose des choses intéressantes sans oublier le divertissement, Le Réveil de la Force ne bénéficie pas d’une narration qui lui est propre et singulière. Difficile en effet de ne pas penser aux épisodes Un Nouvel Espoir et L’Empire contre-attaque, de là à parler de remake il n’y a qu’un pas. Un pas que je ne franchirais pas car de toute évidence je ferais fausse route. Le Réveil de la Force malgré ses influences n’est pas un remake. Il fait des hommages de manière constante c’est vrai, qui plus est avec un vrai respect de la mythologie mise en place il y a maintenant près de quarante ans, là où il est facile d’être induit en erreur c’est véritablement dans la lecture de cette nouvelle histoire. L’épisode VII bien qu’il nous raconte quelque chose d’inédit, le fait en revanche avec quasiment les même moyens que les deux premiers épisodes sortis au cinéma. La carte sauvegardée dans un droïde, une quête initiatique et j’en passe.
Cependant le film aborde des thèmes non négligeables, et que l’on avait quasiment pas vu jusqu’ici. Kylo Ren en est un parfait exemple, le personnage qui nous est présenté comme étant le grand méchant du film, trouve sa faiblesse dans la tentation que représente le côté Lumineux de la Force. Ce qui est intéressant là-dedans c’est que cette simple caractérisation du personnage remet en jeu toute l’importance de la Force. D’une part car on nous rappelle de manière assez subtile que l’univers de Star Wars n’est pas aussi manichéen qu’il en a l’air et d’une autre part car les intentions des personnages, qu’ils soient du côté Obscure de la Force ou pas, sont complexes. Il ne s’agit pas seulement de pions destinés qui servent au bon déroulement de l’intrigue uniquement.
C’est un peu la même chose pour le personnage de Finn, stormtrooper au début du film et qui va subitement changer de camp. Tout le cheminement qui amène ce personnage à retourner sa veste peut paraître simple et sans intérêt, mais pourtant il s’agit bien ici de la mise en scène d’une possible humanisation des stormtroopers, ces personnages qui depuis le début nous sont dépeints comme des mercenaires qui n’obéissent qu’aux ordres.
A côté de cela, il faut aussi noter une véritable entreprise qui tend à renforcer la menace que représente le Premier Ordre. Cela passe par des procédés de mise en scène simples mais efficaces, c’est ici que réside la vraie maîtrise d’Abrams. Il parvient en quelques plans à signifier le danger et les enjeux.
A vrai dire le problème du Réveil de la Force ce n’est pas ce qu’il raconte mais c’est la manière qu’il a de le faire. Le film ne possède pas une véritable identité, il se contente juste d’utiliser ce qui a déjà été fait. Ce n’est pas pour autant que cela ne fonctionne pas, mais un peu plus de singularité de ce côté-ci aurait été un plus non négligeable.
Quant au reste, si l’on doit parler du casting, évidemment c’est un plaisir de retrouver Harrison Ford et Carrie Fisher, ils reprennent leurs rôles sans aucun soucis, Mark Hamill n’est pas assez présent pour juger de sa performance. La véritable révélation quant à elle se dévoile sous les traits de la jeune Daisy Ridley. Une jeune actrice talentueuse et qui va probablement devenir un personnage central, au même titre que Adam Driver en Kylo Ren. Malheureusement rien n’est parfait et la sous-exploitation du talentueux Oscar Isaac en est la preuve. Notons aussi la présence d’un gros problème à ce beau casting : John Boyega, si le rôle n’est en soi pas mauvais, l’acteur n’a aucun charisme et peine vraiment à convaincre, jusqu’à en devenir agaçant. C’est dommage.
Difficile de donner son avis sur un Star Wars. Pour conclure je dirais simplement que j’ai énormément apprécié le film malgré ses faiblesses, l’émotion était là, le divertissement aussi et l’envie de voir la suite également. Un bon retour, bien plus honorable en tout cas que l’infâme Menace Fantôme en 1999.
Ma note : 8/10