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Critique de « Biutiful » par Axel

C’est beau de pleurer !

Il est très dur de parler de sujets graves comme le cancer, ou l’immigration par exemple sans tomber rapidement dans le pathos infâme de certaines grosses ou petites productions, heureusement « Biutiful » quatrième réalisations du metteur en scène Mexicain, Alejandro González Iñárritu, ne fait pas parti de ces œuvres et véhicule un et même plusieurs messages sans jamais tomber dans la facilité ou la caricature.

Le film commence avec un plan poétique tout simple sur deux mains, puis après quelques minutes nous nous retrouvons avec notre personnage principal Uxbal, interprété avec brio par le talentueux Javier Bardem qui délivre une performance impressionnante, pleine de nuances, ce qui le rend très attachant. Uxbal se retrouve donc dans une scène sous la neige dans la forêt on ne sait pas si nous sommes dans un rêve ou dans la réalité, mais avec ces deux plans qui s’enchaîne parfaitement Iñárritu prouve son génie technique avec une caméra à l’épaule très bien géré (ça change), il choisit ses prises de vue très minutieusement pour nous évoquer des tonnes d’idées juste avec un simple angle de caméra, il continuera cela à travers l’entièreté du film, qui est rempli à rabord de plans fabuleux et astucieux. Le montage rapide, rythmé et super carré dans son exécution rajoute une tension et une beauté supplémentaire au film, tout en sublimant la mise en scène du réalisateur. Après ces deux scènes nous nous retrouvons dans un Barcelone désincarné où Uxbal élève ses deux enfants seul et vit de l’organisation de trafics liés à l’économie souterraine de la ville ainsi que du travail d’immigrés illégaux, alors que Marambra, la mère des enfants, s’est vu retirer la garde pour cause de trouble bipolaire et d’alcoolémie, il tente d’élever ses deux enfants dans un petit appartement misérable au centre de Barcelone, mais sa vie va basculer lorsqu’il apprend qu’il a un cancer de la prostate à un stade assez avancé, il va tout faire pour assurer l’avenir de ses enfants, même si pour cela il doit renouer avec la mère de ses enfants, et j’ai failli oublier il est aussi voyant donc il est capable de communiquer avec les personnes qui viennent de mourir, pour les aider à passer dans l’au-delà.

La beauté dramatique de cette œuvre est remarquable, on passe du rire aux larmes sans que cela ne paraisse forcé, elle évoque des thèmes très variés tel que le cancer, la paternité, l’héritage (pas pécunier mais culturel), la maladie mentale, l’immigration, le racisme, les violences policières, la sexualité et j’en passe, le film ratisse très large en termes de thèmes abordés mais malgré cela il n’en laisse pas un seul au placard et parle respectivement de tous, ce qui est agréable car on ne voit pas le temps passer, les dialogues sont très bien écrits de ce fait on s’attache et s’identifie facilement aux personnages ce qui rend le tout crédible et réaliste, je vous conseille de regarder le film en version originale espagnol pour vous imprégner pleinement de l’ambiance qui ne sera sûrement pas aussi bien retranscrite via une traduction Française. L’histoire est émouvante et triste mais arrive à trouver une certaine beauté dans les situations les plus désastreuses, le scénario est bien écrit et extrêmement bien rythmé, à part la partie « voyance » qui est assez peu développée et qui reste finalement très mystérieuse, mais il n’y a pas de beauté sans un peu de mystère n’est-ce pas ? Le film est accompagné d’une sublime bande sonore signée Gustavo Santaolalla très variée et superbement exploitée sur la durée du film, je voulais aussi noter le travail remarquable du montage et du mixage sonore qui impressionne par sa qualité, je ne pourrai pas vous en dire plus de peur de vous spoiler le film, mais sachez que la trouvaille sonore la plus remarquable implique des battements de cœur.

Alejandro González Iñárritu signe ici certainement son film le plus personnel, il traite de sa paternité et de son héritage paternel avec beaucoup de sincérité, de sensibilité et d’humanité, il dédie d’ailleurs le film à son père à la fin de celui-ci. C’est une œuvre brillante ponctuée de trouvailles visuelles, sonores et scénaristiques qui ne vous laisseront pas de marbre, qui vous feront réfléchir sur un tas de sujets différents et comment ceux-ci affectent votre vie de tous les jours. Je vous le conseille fortement.

Axel

Le cinéma semble être une addiction dont on ne se débarrasse pas facilement. C'est pour partager cette passion que j'ai créé ce site, vous pouvez me lire dans les critiques que j'écris et aussi m'écouter dans les émissions audio produites par MoviesNerd.

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