Critique de « Jessie » par E-Stark
« Tu es resté là à crier mon nom pendant des heures et tu as gâché un temps infiniment précieux. »
Bruce Greenwood – « Jessie » de Mike Flanagan (2017)
De Stephen King je ne connais finalement pas grand chose à part l’immense Shining adapté par Kubrick et que l’auteur semble rejeter en bloc, le fameux Carrie au bal du Diable de Brian De Palma ou bien encore l’anecdotique Peur Bleue, sans oublier le téléfilm Ça que j’apprécie malgré ses faiblesses, et bien entendu son homonyme cinématographique sorti en 2017 et que je n’ai pas encore vu à l’instant où j’écris ces lignes. Autant dire que je partais totalement neutre avec Jessie …
Force est de constater avec ce film que s’il y a bien une chose qui me marque dans chacune des adaptations de King, ce sont les personnages principaux. Du monumental Jack Torrance campé par Jack Nicholson à l’étrange et talentueux Tim Curry dans la peau de Pennywise le clown, chacun des personnages que j’ai vus jusqu’à maintenant m’ont toujours semblé aussi passionnants que dérangeants et parfois aussi touchants, comme c’est le cas dans Jessie. Ce qui frappe aussi dans ce film c’est l’implacable logique qui mène le personnage à choisir soigneusement ce qu’elle doit faire pour s’en sortir. C’est l’une des forces premières de l’écriture du film, le personnage devant faire appel à ses souvenirs pour survivre. Cela passant bien entendu par diverses phases où se mélangent réalité et fantasmes. Ainsi Jessie ne s’impose pas seulement comme un huis-clos réussi sur la survie mais également comme un film singulier sur les réminiscences et le traumatisme.
Carla Gugino est parfaite dans le rôle et parvient à insuffler justesse et vulnérabilité à son personnage. Bruce Greenwood également s’avère très bon dans son interprétation derrière laquelle on sent qu’il s’amuse beaucoup. On notera aussi le travail de Mike Flanagan qui après la bonne surprise Pas un bruit et la fable macabre Before I Wake, toutes deux des productions Netflix, parvient ici à créer une belle tension grâce à une mise en scène simple mais redoutable. Certains passages, déjà assez insoutenables dans le roman apparemment, sont très marquants dans le film. Mais je n’en dirais pas plus au risque de spoiler ce qui serait véritablement odieux de ma part étant donné le sujet. Malgré tout on peut aussi regretter une certaine mauvaise gestion du rythme par moment et un final un peu trop expéditif même s’il fait son job.
Pas grand chose à dire de plus si ce n’est que Jessie s’avère être une bonne surprise de la part de Netflix, qui peine bien souvent à convaincre avec ses films. Jessie est aussi glaçant que passionnant !
Ma note : 7/10