Critique de « Klaus » par E-Stark
« Une action vraiment désintéressée en appelle toujours une autre. »
Alex Lutz, la voix de Jesper – « Klaus » de Sergio Pablos (2019)
Avec Netflix on s’attend à tout, si la plateforme sait mettre en avant du contenu original relativement qualitatif du côté des séries, ce n’était pas le cas côté films. Cependant la tendance semble s’inverser en cette année 2019, car après Le Roi de David Michôd et The Irishman de Martin Scorsese, ce mois de novembre 2019 s’avère riche, et Klaus en est le troisième exemple.
Des films de noël il y en a, ils peuplent le petit écran à l’heure où les gens digèrent, sont-ils bons ? Pas vraiment. Mais des bons films de noël il y en a aussi, notamment Le Pôle Express pour les films d’animation et L’Étrange Noël de Mr. Jack chez Disney, d’ailleurs citer ces deux exemples n’est pas anodins, tant Klaus reprend bon nombre des meilleurs éléments de ces deux films pour les adapter à sa sauce. Car si de prime abord c’est bien la palette visuelle qui surprend dans la dernière production Netflix, son scénario à la fois simple mais généreux et efficace reprend des thématiques universelles bienvenues. Des éléments déjà traités maintes fois dans ce registre mais qui ici retrouvent une saveur particulière.
Outre sa plastique superbe qui mêle habilement une animation par ordinateur et des dessins aux caractéristiques très 2D, Klaus s’impose d’emblée comme un florilège de couleurs pastels et de féerie visuelle, pourtant il n’y a pour ainsi dire presque rien de surnaturel ou de magique dans l’histoire, l’univers est souvent décalé, mais au final rien ne vient indiquer quoi que ce soit qui sortent du domaine du fantastique. Klaus raconte les origines de la tradition de noël et du Saint Nicolas d’un point de vue réaliste et terre à terre. Jesper est un apprenti facteur cynique, qui n’a qu’une seule envie : quitter la petite ville dans laquelle il a été contraint d’intervenir. Alex Lutz est parfait dans le doublage. Monsieur Klaus lui est un homme blessé, au passé trouble, un grand bonhomme dont la grange est pleine de jouets. François Berléand est impeccable lui aussi. Tout indique que ces deux protagonistes vont donner naissance à l’une des histoires les plus légendaires du monde, celle du vieux monsieur à barbe blanche qui distribue des jouets aux enfants sages.
Si le film ne brille peut-être pas par sa narration ou son histoire finalement assez classique, il a au moins le mérite de faire les choses bien et d’imposer sa patte, comme pouvait le faire par exemple le film d’Henry Selick chez Disney en faisant prendre la trame dans l’univers d’Halloween puis de Noël. A bien des égards, Klaus gagne en singularité notamment parce qu’il use avec brio de son univers aussi coloré que drôle et décalé. L’humour est présent, étonnamment jamais gras ou envahissant, mais le scénario laisse aussi la place à la poésie et aux messages propres à ce registre de films. La tolérance, la bonté, l’humanité et l’altruisme sont ici des maîtres mots que le film met en scène sans tomber dans le pathos ou l’indigeste.
Au-delà du carcan estampillé « film de noël » qui l’accompagne forcément, Klaus est surtout une belle surprise. Un petit moment d’émerveillement que l’espagnol Sergio Pablos met en scène avec brio. Une belle découverte !