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Critique de « Knight of Cups » par E-Stark

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« Les rêves sont agréables, mais on ne peut pas y vivre. »

Freida Pinto – « Knight of Cups » de Terrence Malick (2015)

Loin de faire l’unanimité depuis The Tree of Life, pourtant couronné d’une Palme d’or à Cannes en 2011, Terrence Malick revient après le décrié A la Merveille avec Knight of Cups. S’agit-il là d’un soubresaut d’un réalisateur qui commence à prendre du recul sur sa carrière peu prolifique ? Certainement oui.

On a entendu beaucoup de chose sur Knight of Cups, principalement les mêmes reproches faits aux deux précédents films du réalisateur, c’est à dire qu’il n’y a pas de scénario et que l’ensemble ressemble plus à un grand clip pour vendre du parfum qu’à un véritable film. Malick depuis ses débuts a toujours été, non pas un visionnaire, mais un réalisateur sincère et expérimentaliste. Ses films ne reposent en grande partie que sur la fluidité des images que le montage raccorde entre elles, créant parfois l’émotion comme dans Les Moissons du Ciel ou bien encore l’horreur et le grandiose dans La Ligne Rouge. Terrence Malick n’a de cesse de proposer de nouvelles manières d’aborder un film, faisant abstraction des codes habituels au profit des sensations.

cups4_1457722653051_948732_ver1.0Knight of Cups ne déroge pas à la règle, et concernant l’absence de scénario, je ne suis évidemment pas d’accord du tout. Le film s’apparente à un conte, une fable dans laquelle Christian Bale représente une sorte de chevalier à la recherche de son Graal, qu’il trouvera ou pas d’ailleurs. Le film parle d’un parcours existentiel, on pourrait même penser qu’il est une suite de The Tree of Life tant certains éléments nous ramène à ce film. La figure du père, la perte d’un frère. Seulement dans l’Arbre de vie, Malick mettait en scène la Nature (Brad Pitt, le père) et la Grâce (Jessica Chastain, la mère), dans une sorte d’osmose formant un tout : la vie. Ici dans Knight of Cups, Bale recherche la Grâce dans ce monde où il vit et dans lequel la Nature s’est transformée en une sorte de monstre qui consomme tout. La célébrité qui avilie les hommes, l’apparence qui dénature l’être, la recherche incessante du plaisir (charnel ou pas) qui vient embellir le quotidien et qui meurtri dès lors qu’elle se solde par un échec.

Malick fait référence à l’amour dans Knight of Cups, plus que dans A la Merveille finalement, car il y parlait surtout du couple. La Grâce réside dans bien des choses, et pour le personnage de Rick elle réside dans l’amour d’une femme, la stabilité d’un couple. Mais cela n’est peut-être qu’une utopie finalement, tant la Nature revient sans cesse reprendre ses droits.
knight_of_cups_malick_7Le symbolisme a toujours été un moteur du cinéma de Terrence Malick, Knight of Cups en est jonché évidemment. Car dans ce film tout n’est que symbole, même les personnages. Malick ne cherche pas leur donner une vraie identité, à vrai dire son but n’est pas là, son but c’est de livrer une pensée, peut-être celle d’un réalisateur vieillissant qui ne parvient toujours pas à trouver son Graal, peut-être ce Chevalier des Coupes est-il Malick lui-même …

Au-delà de cela le film est certainement avec A la Merveille, l’un des plus linéaires du réalisateur dans sa période post Nouveau Monde. Même si il mérite sûrement plusieurs visionnages pour en saisir toute l’essence, Knight of Cups est pourvu d’une narration claire et découpée en chapitre sur le modèle d’un jeu de tarot pour signifier les diverses phases du parcours de Rick. Petit bémol cependant concernant les choix des morceaux, Malick nous a habitué à plus de densité dans ses accompagnements musicaux. Quant au casting il est évidemment très bon, les impros sont justes et la caméra sublime les acteurs. Natalie Portman est rayonnante.

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Knight of Cups n’est pas le plus singulier des films de Terrence Malick, mais certainement l’un de ses plus personnels avec The Tree of Life, mais c’est à double tranchant, car le spectateur non initié risque de passer complètement à côté. Il s’agit là d’un conte moderne dans lequel le réalisateur s’attache à opposer la nature et la grâce, aux antipodes donc de la grande symphonie sortie en 2011. C’est beau, troublant mais terriblement inspiré.

Ma note : 8/10

Cinéphile parfois cinéphage, j'aime écrire et lire des critiques. Je voue un véritable culte à Terrence Malick et Tim Burton, mais je suis d'une manière générale assez éclectique en matière de cinéma. Bonne lecture ... ou pas !

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