Critique de « Phantom Thread » par Axel
Il existe des films tellement mystérieux qu’ils en deviennent une obsession pour le spectateur qui a osé poser ses yeux sur la toile blanche des 24 images par seconde. Paul Thomas Anderson est connu depuis quelques années pour proposer de tels films à un public de plus en plus avide de découvrir par quels nouveaux moyens ce réalisateur va réussir à les piéger dans une nouvelle histoire qui, après un visionnage souvent mouvementé, les accompagnera tel un fantôme lorgnant au-dessus de leurs épaules longtemps après avoir quitté la salle de cinéma.
Phantom Thread ne fait pas exception à cette règle, que nous pourrions appeler « Andersonienne » et à laquelle il nous avait habitués lors de ses précédents projets. Il la sublime même avec une attention aux détails qui enrobent le film, par la réalisation d’une finesse absolue avec des moments de poésies magistrales lors des scènes qui se rapportent à l’univers de la mode qui offre un sublime contraste avec les multiples scènes de dialogues poignantes et de plus en plus sombres au fur et à mesure que le spectateur s’enfonce dans l’histoire, que ce soit dans leurs thèmes ou dans la façon dont elles sont orchestrées
Par les dialogues adroitement écrits pour lesquels on ressent un gros effort, porté principalement sur la sélection des mots utilisés par chaque personnage, la manière avec laquelle ils vont s’exprimer va nous servir à les cerner très rapidement et très facilement, tout en permettant de laisser des indices scénaristiques tout au long du film. La façon avec laquelle sont délivrés ces dialogues joue aussi un grand rôle dans l’équilibre qu’arrive à maintenir le film de ce fait les acteurs sont tous très justes, que ce soit Daniel Day Lewis portrayant, comme à son habitude à la perfection, le couturier Reynolds Woodcock qui est engagé pour dessiner les vêtements des gens de la haute société dans le Londres des années 1950 ou encore Vicky Krieps, qui arrive à tenir la chandelle à D.D Lewis en matière de jeu surtout dans les scènes de confrontations, qui interprète Alma Elson qu’il découvre lors d’un voyage hors de Londres et qu’il ramènera avec lui dans la capitale pour qu’elle devienne sa maîtresse et surtout sa muse.
La magnifique musique de Johny Greenwood sublime le tout en transperçant l’âme du spectateur avec ses violons crissants et gémissants sur la suite I à IV de « Phantom Thread » de plus en plus désincarné au fur et à mesure de l’avancement dans l’histoire. Mais elle sait aussi nous divertir avec ses airs jazzy et abandonnant pendant quelques mesures le côté classique du reste de la Bande Originale sur le génial « House of Woodcock ».
La religion catholique décrit les limbes comme un état de l’au-delà situé aux marges de l’enfer, par extension, ils désignent un état intermédiaire et flou, c’est exactement l’endroit où l’esprit du spectateur va se retrouver pendant les 130 minutes de ce film, à l’arrivée vous n’aurez peut-être pas toutes les clés vous permettant d’ouvrir la porte entourée des brumes mystérieuses de ce film mais votre esprit n’arrivera pas à se débarrasser de cette énigme qu’est Phantom Thread.