Critique de « Pirates des Caraïbes : Jusqu’au bout du monde » par E-Stark
« Nulle cause n’est perdue… s’il y a encore un pauvre fou prêt à se battre pour elle. »
Orlando Bloom – « Pirates des Caraïbes : Jusqu’au bout du monde » de Gore Verbinski (2007)
Suite directe du second volet, Jusqu’au bout du monde se présente comme une conclusion forte et riche, à l’image de la générosité de son réalisateur Gore Verbinski qui signe ici son dernier film au sein de la saga.
Lord Cuttler Becket et sa Compagnie des Indes tente d’en finir avec les pirates. C’est donc un combat pour la liberté qui va s’engager au coeur d’un récit épique porté par une mise en scène maîtrisée et une capacité à divertir inébranlable. A bien des égards ce troisième segment de la saga est considéré comme l’un des moins réussis. Je ne suis absolument pas de cette avis et j’irais même jusqu’à dire qu’il s’agit bien au contraire de l’un des meilleurs. Car au-delà de son devoir de conclusion de cette histoire amorcée par le second volet, Jusqu’au bout du monde s’apparente surtout à une fabuleuse épopée pirates dans laquelle se logent messages humanistes et grand spectacle.
C’est un mélange qui en plus d’être savant, fonctionne à merveille. Le parfait symbole d’un monde qui change, représenté par Becket, en laissant sur le bas côté de la route du progrès, des marginaux (les pirates) qui n’aspirent qu’à vivre libres. Car ne l’oublions pas mais les deux autres films nous dévoilaient subtilement qu’un pirate ne l’était pas forcément par nature mais aussi et souvent par choix. Par cette nécessité notamment d’échapper à un mode de vie tout tracé, à une société qui s’enferme sur elle-même en pensant progresser. C’est de cela que parle le film, et aussi du combat qui s’engage dès lors que le dernier bastion libre des peuples en marge est prit d’assaut. Ici l’océan n’est pas juste un champ de bataille, c’est un lieu de vie pour beaucoup d’hommes et femmes, un refuge. C’est pour lui que les pirates choisissent de se battre au nom de la liberté, face à un nouveau monde qui souhaite asseoir son pouvoir sur tout ce qu’il croit avoir acquit.
Fort de ce postulat, qui ne se révèle donc pas creux mais bel et bien plus profond qu’on pourrait le croire au départ, le scénario n’oublie pas pour autant que le public cherche ici à en prendre plein les yeux. Ce qui fait la force du film, c’est cette capacité à allier divertissement et propos. Car si d’un côté la mise en scène est dantesque, et les effet-spéciaux sublimes, même dix ans après la sortie, le film fonctionne surtout grâce à ce qu’il raconte, sans quoi il n’aurait que trop peu de prestance.
Pour illustrer une nouvelle fois cette histoire, le casting rempile dans la peau de ces personnages désormais familiers. Ces derniers évoluent tous un peu plus et gagnent en profondeur, à l’image notamment de Davy Jones et Jack Sparrow, auxquels Bill Nighy et Johnny Depp confèrent beaucoup de nuances dans leurs jeux. Quant à l’univers de la saga, il évolue lui aussi considérablement ici, étoffant encore un peu plus sa mythologie. Déesse et maelström viennent servir un récit déjà riche, pour le plus grand plaisir du public et des fans inconditionnels de la saga. L’ensemble est à nouveau parfaitement sublimé par les compositions inoubliables d’un Hans Zimmer touché par la grâce à l’époque.
Ainsi donc Gore Verbinski tire ici sa révérence sur la saga des pirates, avec un film aussi fort et beau qu’il est divertissant. Avant l’incursion plus ou moins réussie de Robb Marshall, on retiendra donc que ce troisième volet tient toutes ses promesses.
Ma note : 8/10