Critique de « Star Wars Episode IX : L’Ascension de Skywalker » par E-Stark
« Affronter la peur c’est le destin de tout jedi. »
Mark Hamill – « Star Wars Episode IX : L’Ascension de Skywalker » de J.J. Abrams (2019)
Je ne peux pas prétendre être un fan absolu de Star Wars, ni un expert en ce qui concerne son univers. Toutefois j’aime la saga, dans ce qu’elle a de bon comme de mauvais d’ailleurs. Alors forcément quand on entre dans la salle pour visionner le dernier segment de plus de quarante années d’aventures intergalactiques, il y a de quoi être pour le moins fébrile.
De part son importance et sa place dans la pop-culture, appréhender un nouveau Star Wars est toujours un moment mêlé d’excitation et d’appréhension. Depuis la sortie du premier film en 1977, chaque épisode s’est imposé comme un événement et L’Ascension de Skywalker ne déroge pas à la règle. D’une part car ce dernier a la lourde tâche de recoller les pots cassés par un Episode VIII, que pour ma part j’apprécie beaucoup, et évidemment de réconcilier les fans « hardcores », ceux à qui, et ce film le confirme totalement, la saga appartient vraiment désormais. Les fans influencent les studios, déjà frileux, c’est une certitude. Partant de ce constat on pourrait se dire que L’Ascension de Skywalker n’est donc rien de plus qu’un remake déguisé du Retour du Jedi, comme Le Réveil de la Force pouvait s’apparenter à un remake/hommage à Un Nouvel Espoir, d’autant plus quand il s’agit d’un film signé J.J. Abrams dont la filmographie ne brille pas d’élans d’originalité.
Pourtant contre toute attente et à moins que je ne me trompe, dans les grandes lignes cet Episode IX n’est pas un remake, ni même dans sa narration là où l’Episode VII pompait tout sur le quatrième. Abrams semble ici faire un film ultra référencé c’est certain, mais pas moins original. Quand bien même les images nous rappellent souvent d’autres grands moments de la saga, devenus au fil des décennies des pierres angulaires de cette univers, L’Ascension de Skywalker s’avère malgré tout un épisode plus singulier que ce à quoi on pouvait, légitimement, s’attendre. Tant mieux, même si cela n’excuse pas les nombreux défauts que la narration générale du film peut comporter, ainsi que les diverses trop grandes facilités d’écriture. Outre les nombreuses révélations assénées façon « twist », le film joue sur la nostalgie non pas seulement par obligation parce qu’il s’agit d’une conclusion, mais aussi parce que c’était plus facile. Tout comme il était plus simple d’éluder certains pans de l’histoire mis en place dans Les Derniers Jedi, il était également plus simple de faire revenir le personnage de Palpatine en tant que grande menace, là où les tourments qui habitent le personnage de Kylo Ren auraient pu suffire à faire de lui un antagoniste convaincant. Idem en terme de facilité, il était impensable pour un nostalgique comme Abrams d’avoir un alter-ego de Dark Vador sans casque, Kylo Ren retrouve donc le sien ici. Sans surprise ce dernier Star Wars est placé sous le signe de l’amitié et de la repentance.
En ce qui concerne les points noirs, on notera surtout un manque d’explications sur bon nombres d’éléments narratifs mis en place et conclus dans ce dernier film. Un peu à la manière de La Revanche des Sith qui devait faire le lien vers la trilogie originale tout en concluant son propre arc narratif, L’Ascension de Skywalker va trop vite et s’attache à être plus efficace que consistant. On regrettera donc l’absence d’explication sur le retour de Palpatine ou sur le lien psychique qui lie Rey et Kylo Ren, et il ne s’agit ici que de deux exemples. Dans la même veine on regrettera aussi le manque d’émotion au profit de l’humour qui lui est très présent, bien que ce dernier fonctionne ce n’est pas un soucis, même si C-3PO n’a plus des réactions de droïde mais bien d’humain par exemple, ou bien encore cette ridicule histoire d’espion au sein du Premier Ordre. La disparition de Leïa peine à convaincre malgré un Chewie poignant, néanmoins ne soyons pas trop dur concernant le traitement du personnage de la princesse jouée par Carrie Fisher, il fallait faire avec ce qu’il restait d’images avant la disparition de l’actrice. Il semble également évident que le gros problème de cette trilogie ou « postlogie » comme vous voulez, c’est son écriture épisodique, là où la « prélogie » aussi imparfaite soit-elle, avait un scénario défini pour trois films avant même d’entrer en production. Pour finir on regrettera aussi le manque de surprise général, même si de ce côté là c’était à prévoir.
Il est donc dommage de dénombrer autant de points négatifs, d’une part parce qu’en terme de cinéma il ne s’agit pas d’un mauvais Star Wars et qu’en terme de divertissement le film fait parfaitement son job. Malgré ses défauts, cet Episode IX en tant que space-opera s’apprécie pleinement. Lorgnant souvent sur la dimension fantaisiste là où les précédents films ne faisaient que l’effleurer, par instant L’Ascension de Skywalker s’émancipe presque des codes cinématographique que la saga à elle-même créée il y a plus de quarante ans, pour s’imposer comme un objet rétro et moderne à la fois. Outre un dépoussiérage plastique du plus bel effet, L’Ascension de Skywalker n’y va pas avec le dos de la cuillère quand il entreprend d’en mettre plein les yeux. Concernant la mise en scène, bien plus ambitieuse ici que sur Le Réveil de la Force, le film peut se vanter d’avoir de superbes images, telle cette lune d’Endor où gît l’épave d’une base bien connue. La bande-originale quant à elle, composée à nouveau par le légendaire John Williams s’apparente à un doux mélange de nostalgie, de morceaux d’anthologies et d’éléments plus modernes. Le compositeur signe assurément ici le meilleur score de cette troisième trilogie. Pour terminer on soulignera le casting qui à nouveau s’en sort globalement bien pour la plupart, Adam Driver et Oscar Isaac en tête, Daisy Ridley peut-être plus en demi-teinte ici mais curieusement plus convaincante aussi, alors que John Boyega stagne définitivement dans un jeu sans nuances.
Star Wars Episode IX : L’Ascension de Skywalker est donc un long-métrage qui aurait pu être largement pire, largement mieux aussi c’est un fait. L’Empire contre-attaque est à des années lumière de tout cela, mais toutefois J.J. Abrams et ses gros sabots parvient malgré des facilités d’écriture et des twists à foison à conclure cette trilogie, pour ce qui est de l’histoire des Skywalker en revanche, disons qu’il vaut peut-être mieux revoir Le Retour du Jedi, dans sa version d’origine évidemment.