Critique de « The Shape of Water » par E-Stark
« Quand il me voit, il ignore en quoi je suis incomplète. Il me voit telle que je suis. »
Signée par Sally Hawkins – « The Shape of Water » de Guillermo Del Toro (2017)
Crimson Peak avait marqué par son ambiance gothique et baroque, Pacific Rim avait marqué par son ambiance colorée, Le Labyrinthe de Pan avait marqué par son audace, sa poésie et sa richesse visuelle. La Forme de l’eau n’est malheureusement pas le meilleur condensé qui soit du cinéma de Del Toro.
Alors que le film s’annonçait plein de promesses et visuellement riche encore une fois, à l’instar de Crimson Peak d’ailleurs, mais à nouveau Guillermo Del Toro semble vouloir délaisser le fond pour se consacrer à la forme. Cela devient frustrant et lassant. La Forme de l’eau est assurément une petite merveille visuelle, c’est un fait indéniable. La créature est magnifique et le maquillage permet à Doug Jones de composer un jeu fin et juste, les mouvements sont superbes. Sally Hawkins également n’est pas en reste, convaincante et souvent juste. Idem pour Shannon, très à l’aise dans le rôle du méchant de service. Néanmoins ces personnages sont complètement clichés, si bien que l’histoire d’amour entre Elisa et la créature ne passionne jamais vraiment. Ce qui est vraiment dommage étant donné le sujet et la thématique. De plus la justification de cette idylle (un peu zoophile sur les bords avouons-le) est assez grossière lors de la toute dernière scène.
L’écriture laisse à désirer, oscillant entre une poésie trop suave et un érotisme de comptoir, Del Toro peine à captiver grâce à son récit. Sans compter certaines scènes un peu gratuites et qui auraient gagnées à être revues différemment, la scène du chat notamment ou bien encore celle du restaurant avec le serveur raciste. Ce qu’il manque au film c’est de la subtilité finalement. Quant à la partie visuelle si cette dernière demeure magnifique, elle n’est pas sans rappeler certaines références très voyantes. Du cinéma de Jeunet en passant par le récent La La Land de Damien Chazelle ou encore Hugo Cabret pour la musique de Desplat, Del Toro puise son inspiration sans renouveler quoi que ce soit. C’est là que la déception pointe clairement le bout de son nez, car si Crimson Peak peinait à passionner sur le fond, la forme réinventait complètement le genre du film de fantômes. Ici rien que l’on ai déjà vu autre part, la frustration est totale.
Ainsi donc Guillermo Del Toro signe ici son film le moins captivant, trop lisse et sans créativité visuelle. Même la patte si caractéristique du réalisateur n’est jamais vraiment là. Il en résulte donc un beau film certes mais très sommaire, usant de nombreux raccourcis. Un Del Toro mineur, si ce n’est pas même le moins réussi.
Ma note : 5/10