-
Les Evadés : l’humanité comme moyen de fuite (avec spoils)
J‘adore le cinéma. C’est un fait. Pourtant, lorsqu’il s’agit de films dits « cultes », acclamés et reçus merveilleusement bien tant par le public que par les médias ou les institutions, rien à faire : je traîne. J’ai un mal fou à passer le cap du visionnage, quelque chose me retient. Je suis partagée entre deux justifications. Premièrement, la peur de la déception : et si, moi, je n’en avais rien à fiche de ce film ? Et si le propos ne me touchait pas le moins du monde ? Est-ce que cela fait de moi une mauvaise amatrice de cinéma (la réponse est bien évidemment non) ? Vient ensuite le syndrome…
-
« Ma vie avec John F. Donovan » par Quentin
Le cinéma, à n’en pas douter, est cet art qui se vaut véritablement lorsqu’il sait faire jaillir des émotions insoupçonnées par le spectateur même. On pleure, on tremble, on rit. Les poils s’hérissent et les larmes coulent. C’est là qu’un film nous a touchés en plein coeur, s’est adressé à notre sensibilité la plus personnelle. The death and life of John F. Donovan est de ces oeuvres. Sa portée, immense, sera sous-estimée. On retiendra les rumeurs sur sa production chaotique, l’éviction de Jessica Chastain lors du montage final, son accueil glacial auprès du public américain. Ironiquement, tout objet de scandale, loin de la pureté du matériau même, à l’instar des épreuves…
-
« Phantom Thread » par Quentin
Couvrir la crasse de la condition humaine sous la beauté de la soie et des plats, Paul Thomas Anderson narre pour son huitième long métrage les amours merveilleusement pervers d’un éminent couturier, Reynolds Woodcock (fabuleux Daniel Day-Lewis), et de sa muse, la curieuse Alma Elson (Vicky Krieps, grande révélation). D’un rythme facilement repoussant, Phantom Thread est à bien des égards une oeuvre fascinante. Dans ce jeu de domination, Reynolds et Alma avancent tel des pions d’échec le tout sous le regard de « la vieille ça et ça » du héros, la magnétique soeur Woodcock, Cyril (Oscar pour Lesley Manville s’il vous plaît !). Plus qu’un jeu, Phantom Thread est une danse macabre entre deux grands talents…
-
Swiss Army Man, la mort : un souffle de vie.
» S’il te plaît, ne meurs pas ! » – Hank (Paul Dano) Voici la première ligne de dialogue de Swiss Army Man et c’est en toute simplicité qu’elle dévoile l’intérêt du film, bien qu’on ne le comprenne qu’après l’avoir visionné dans son entier. A première vue, l’on pourrait dire que c’est un film sur la mort, l’introduction donne le topo : un suicidaire rencontre un homme déjà mort ramené nonchalamment par les flots et qui s’échoue sur une plage…comme un cadavre. Et pourtant ! C’est tout le contraire qui apparaît ensuite, et ce jusqu’à la fin, dans une épopée pour le moins étonnante et même – il faut le dire –…
-
« The Best Offer », les sentiments mis aux enchères.
« Les émotions sont comme les œuvres d’art. Elles peuvent être contrefaites : elles ressemblent en tout point aux vraies mais ce sont des contrefaçons. » Il y a certains films qui, d’une manière assez inouïe, nous absorbent et nous laissent consterné, hébété. L’histoire et les personnages s’insinuent dans notre esprit pour nous faire sans cesse repenser à lui, jusqu’au moment où l’on ressent le besoin de le partager avec quelqu’un d’autre. C’est le cas de The Best Offer, né du réalisateur italien Giuseppe Tornatore en 2013. Tout comme l’art est un ensemble d’éléments qui le rend beau et marquant, ce film réuni tout ce qui peut le rendre frappant. Et si The…
-
Critique de « The Neon Demon » par Quentin
Poupée d’égocentrisme entourée de hyènes affamées, Jesse porte en elle la douce noirceur du dernier souffle de l’adolescence. Envolée l’innocence, envolés les sourires glacés, l’héroïne du nouveau long métrage de Nicolas Winding Refn est un composé de complexité, dont Elle Fanning (Super 8, Maléfique, Somewhere, …), son interprète, se délecte sans retenue. Monstre de charisme, grâce de tous les instants, l’actrice âgée de dix-huit ans impressionne tant elle a déjà tout d’une grande. Jesse est peut être le meilleur personnage créé par l’artiste à ce jour, chacune des ses apparitions irradie l’écran. Sublimée par la caméra du metteur en scène danois, la jeune femme avance lentement vers la lumière, celle du succès…
-
« The Danish Girl »…L’essence de l’être.
« I think Lily’s thoughts, I dream her dreams. She was always there. » — Einar Wegener The Danish Girl est, avant d’être l’histoire d’un homme, celle d’un couple : Gerda et Einar Wegener, deux artistes peintres danois confrontés au chaos intérieur que vit le mari. C’est la révélation tardive de la nature transgenre d’Einar qui se mute de façon fulgurante en une détresse profonde et communicative. Jusqu’au moment tant attendu où le désir d’être enfin lui-même (ou plutôt elle-même) devient une opportunité à ne pas rater : Einar devient, en 1930, la première personne à subir une opération de réattribution sexuelle et à faire face à tout ce que cela peut impliquer. Tom…
-
Critique de « Cinquante Nuances de Grey » par Quentin
Je dois très certainement avoir des tendances suicidaires pour m’attaquer à « Cinquante Nuances de Grey« , être un peu maso, pour rester dans le thème. Mais j’aime ça, vivre dangereusement, et c’est ainsi que je commence cette critique en vous avouant avoir apprécié – en partie – ce que j’ai vu. Certes, les dialogues sont d’une nullité à faire peur, certes, le film ne cesse de prendre les spectateurs pour des idiots à promettre quelque chose d’osé pour finalement deux-trois coups de cravache sous fond de Beyoncé. Pourtant, le film fait preuve d’une légèreté totalement absente du matériau original ainsi que d’une héroine bien plus attachante que la pauvre gourgandine écervelée des…