« Adaline », l’amour n’a pas d’âge
Puritaine du cinéma, j’ai eu du mal à accepter la notion de « e-cinéma », des films qui ne sortent pas sur grand écran mais uniquement en vod, c’est quoi cette histoire ? Ce serait sans doute des films à petits budgets avec des acteurs méconnus voire même des navets, me disais-je. Oui, mais ça…C’était avant de découvrir Adaline. Je suis tombée sur la bande-annonce par hasard dans la semaine et elle m’a immédiatement conquise. Il fallait que je voie ce film.
Mais avant de s’emballer, voici une rapide présentation :
Lee Toland Kriger est le jeune réalisateur de cette romance fantastique sortie en salles en vidéo à la demande au printemps 2015. Il met en scène Blake Lively (Green Lantern) , Harrison Ford (Ai-je réellement besoin de le présenter ?) ainsi que Michiel Huisman (Game Of Thrones) et Ellen Burstyn (Interstellar), le casting est donc plutôt pas mal. Mais qu’est-ce que ça raconte ? Eh bien, c’est l’histoire d’Adaline Bowman, une femme tout à fait ordinaire, née au début du XXème siècle. Elle mène une belle vie dans la ville de San Francisco pendant une vingtaine d’années, jusqu’au jour où elle subit un terrible accident de voiture qui la tue presque instantanément. Son destin aurait pu s’achever ici, mais il en a décidé autrement car peu après un coup de foudre s’abat sur elle et la réanime, c’est à ce moment qu’elle arrête de vieillir, c’est-à-dire que son métabolisme reste bloqué à 29 ans ( une allure jeune et jamais de rides, ça fait rêver, non ? ). Elle va donc traverser les décennies en voyant le monde subir les ravages du temps tandis qu’elle, est condamnée à changer d’identité pour ne pas attirer l’attention sur cet incroyable événement.
Des histoires de femmes ou d’hommes immortels ont en vu pas mal dans le style fantasy ou anticipation mais l’idée proposée ici est plutôt originale. Adaline ne vit pas dans le futur et n’est pas non plus une créature fantastique du genre loup-garou ou vampire, ce n’est qu’une femme foudroyée. D’ailleurs, on peut apprécier les passages narrés à la façon d’un documentaire qui crédibilise pas mal cette immortalité, il y a en effet plusieurs éléments scientifiques qui, sauf si le spectateur a fait 10 piges de médecine, la rendent probable. Vous ne passerez donc pas deux heures à ricaner parce que ça n’a ni queue ni tête. Cet aspect du film est appréhendé de manière plus philosophique et il y a une phrase qui résume presque parfaitement ce film :
Toutes ces années, tu as vécu mais tu n’as pas eu de vie.
Je vous laisse méditer la phrase vous-même, sinon, je vous spoilerais tout.
Quand on y réfléchit bien, tout, dans ce film, est très pensé, chaque élément est une clé pour comprendre comment a vécu Adaline et ce que l’on doit retenir pour vivre notre propre vie. La pérennité d’Adaline Bowman est essentiellement développée à travers son histoire d’amour avec Ellis Jones. Faire passer la romance au premier plan peut être un point négatif mais cela construit également l’équilibre du film, c’est ce qui le rend sensé tout comme l’amour construit l’équilibre d’une vie et la rend sensée. Ce film est également un ensemble de flash-back et de retour au présent montrant tous les passages de sa vie saccadée. Il démonte vraiment pièce par pièce notre rêve de vie éternelle, de cette peur de la mort surmontée pour le remplacer par une nouvelle façon d’appréhender la vie où on la voit enfin comme quelque chose à savourer au jour le jour. Parce que ce qui fait qu’elle est belle, c’est qu’elle finit par s’arrêter.
Quittons le sens profond pour le sens esthétique : le film est beau, c’est indéniable : des plans savamment choisis, de beaux costumes (ceux d’Adaline à travers les époques), des effets visuels qui nous font pétiller le regard, et Blake Lively est tout simplement sublime ( Mishiel Huisman aussi d’ailleurs). J’ajouterai aussi le côté émouvant du film en général et aussi des personnages : Ellis Jones, son père et Adaline bien sûr, surtout la relation avec sa fille.
Le bilan de ce film est plutôt positif, il manque cependant un peu de temps pour approfondir l’histoire d’Adaline qui serait loin d’être inintéressante. On aimerait avoir un peu plus de détails sur sa vie en telle ou telle décennie. Quant à sa relation avec Ellis, elle va trop vite. Vu le personnage, habitué à toujours fuir, ne faisant confiance à personne, on s’attend à ce qu’elle ait besoin de temps pour entamer une histoire d’amour, sauf que là, elle cède dès le deuxième jour. Autre fait négatif – qui est purement personnel – la prestation d’Harrison Ford m’a parfois mise mal à l’aise (Bah oui, il a un peu vieilli depuis Indiana Jones quand même).
Pour synthétiser tout ça, Adaline est une belle histoire attirante même si n’est que par curiosité. C’est un casting alléchant, une romance touchante qui met en scène des personnages, et des acteurs, impeccables. Mais alors que certains éléments sont inexploités d’autres sont traités trop rapidement, fait qui n’est pas non plus choquant quand on regarde ce film. Il reste très émouvant dans la morale qu’il propose à qui sait la voir.
Oriane