Critique de « Dans La Brume » par Morgan D.
Difficile de trouver la perle rare dans le cinéma Français de nos jours. Entre les comédies industrielles (voir Gaston Lagaffe sorti cette semaine) et les drames habituels, l’ambition se fait de plus en plus rare. À tel point que les âmes les plus pessimistes crient à la mort du cinéma Français. Bonne nouvelle ! « Dans La Brume » débarque sur nos écrans et offre quelque chose de l’ordre du jamais-vu chez nous à savoir un divertissement de SF à suspens et tout en effets spéciaux. Derrière la caméra, un réalisateur/scénariste Canadien : Daniel Roby. Un nom à retenir qui espérons-le aura d’autres projets en tête et trouvera des producteurs non-frileux pour le soutenir. En effet, son premier essai est une réussite qui respecte ses promesses.
L’histoire est simple : Une brume mortelle envahie Paris et une poignée de rescapés perchée sur les toits tentera de survivre. Si la bande-annonce vous a échappé, nous n’allons pas vous dévoiler les détails de l’intrigue. Au casting, Romain Duris dont le charme et le talent naturels font une fois de plus l’évidence ainsi qu’Olga Kurylenko, aperçue notamment chez Terrence Malick et qui reviendra auprès de Rowan Atkinson dans le 3ème volet de Johnny English dans quelques mois. Un couple crédible apportant au récit une réelle valeur ajoutée émotionnelle. Si le postulat de base rappelle les films catastrophes Américains classiques, la force du long-métrage de Daniel Roby est de ne jamais singer nos amis d’outre-Atlantique. S’il s’autorise quelques moments de suspens solides à la manière d’un blockbuster Américain, « Dans La Brume » préfère surtout la profondeur d’un propos pour le moins inattendu et se sert de son univers afin d’amorcer un portrait de famille intimiste et émouvant.
Un film qui asphyxie sur place le spectateur par sa maîtrise époustouflante du spectaculaire à travers des séquences haletantes et viscérales mais qui sans prévenir vient vous prendre à la gorge grâce à l’aisance folle avec laquelle le réalisateur gère ses instants émotionnels. C’est tout ce qui vous attend devant ce divertissement qui mérite un soutien national en trouvant le plus de spectateurs possibles. C’est grâce à une mobilisation massive que le cinéma Français osera produire des projets de cette envergure. Après l’excellent « Ghostland » de Pascal Laugier sorti il y a quelques semaines, il semblerait que quelque chose soit en train de se passer du côté des producteurs et l’on prie évidemment pour que cela ne soit pas temporaire mais que cela dure et perdure. Pour cela, il n’y a qu’un moyen : soutenir ces films en allant les voir EN SALLE. Dans le cas de « Dans La Brume », ceux venus chercher un divertissement solide, nerveux et efficace seront servis. En plus de cela, il est difficile de ne pas être sensible à la beauté fondamentale du film esthétiquement parlant. Plans larges sur un Paris brumeux et mort, utilisation habile du numérique et des effets visuels, la démarche technique est maîtrisée de bout en bout pour un résultat plus que renversant.
Comme il l’a été cité plus haut et sans spoiler, tout ceci n’est pas gratuit mais sert à amplifier non seulement un portrait de famille touchant mais avant-tout une morale écologique aussi inattendue que nécessaire. C’est là toute l’intelligence du réalisateur qui trouve le juste équilibre entre la forme et le fond, sans jamais mentir sur la marchandise. Vous voulez du spectacle ? Vous en aurez ! Vous voulez être ému ? Vous le serez ! Toute l’intrigue tient pendant 1h25. Une durée qui peut paraître (trop) courte mais qui une fois le générique de fin démarrant s’avère justifiée. Daniel Roby n’étire jamais son récit et c’est tant mieux. Au contraire, on constatera sa capacité à relancer son histoire par le biais d’instants de bravoures nerveux sans jamais négliger ses personnages, ses acteurs et surtout son propos. Le tout jusqu’à un final qui fera débat pour ce qu’il dit (ou ce qu’il ne dit pas au contraire). Une conclusion tout en subtilité et en métaphore qui permet au film de rester en mémoire et de créer le débat. Somme toute l’inverse du divertissement fast-food sitôt vue sitôt oublié.
En conclusion, il y avait des promesses sur le papier, une prise de risque et Daniel Roby s’en sort avec les éloges. « Dans La Brume » est la preuve formelle que nous avons les moyens d’offrir un cinéma de qualité en France. Du cinéma qui prend des risques, construit et réfléchit. À la fois un drame intimiste très dense et un récit de science-fiction impressionnant. Bluffant et maîtrisé !
Note : 8/10.
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