Critique de « Dans l’ombre de Mary, la promesse de Walt Disney » par E-Stark
Il n’est de plus cruel châtiment qu’un remord perpétuel.
Tom Hanks dans le rôle de Walter Elias Disney – « Dans l’ombre de Mary, la promesse de Walt Disney » de John Lee Hancock (2013)
Il est assez facile et compréhensible d’être sur la réserve à la découverte d’un film comme Dans l’ombre de Mary. Produit par Disney et tourné en grande partie dans les locaux de la Walt Disney Company à Burbank, bref la question de savoir si les morales Disney passent aussi bien en film en prise de vue réelle qu’en animation se pose forcément.
Contre toute attente force est de constater que si le long-métrage tourne tout de même en sa faveur certains faits du processus de l’adaptation de Mary Poppins, il n’en demeure pas moins que les thématiques ici exploitées, le sont avec justesse.
A vrai dire si on laisse de côté le fait que Travers n’adressa plus la parole à Walt Disney après la première du film à Los Angeles, il est assez facile de se laisser porter par tout ce que long-métrage propose. Au-delà d’une écriture habile qui met en opposition constante les deux visions de l’auteur et du producteur, toutes deux incarnées par un duo d’acteurs captivant, la vraie force du film réside dans cette capacité à montrer que les productions Disney sont bien plus profondes et complexes qu’elles le laissent paraître.
Il ne s’agit pas ici de dépeindre un quelconque idéalisme qui viserait à embellir le monde aux yeux des enfants. Si l’oeuvre originelle de Mary Poppins est belle et bien plus dure et sombre, l’adaptation de Disney ne l’enjolive que pour en révéler tout ces aspects là justement. Si le soucis de réalisme instauré par Travers et son enfance en Australie s’oppose ainsi fermement à la candeur et la magie qui animent la vision de Walt Disney, c’est pour rappeler en quelque sorte que peu importe ce que la vie impose, que cela soit dur ou pas, il s’agit d’un ensemble et d’un équilibre auquel il faut savoir pardonner pour pouvoir profiter et apprécier chaque instant.
Dit comme ça évidemment c’est bateau, mais le film se révèle riche d’une écriture habile qui parvient à mettre en avant toutes ces nuances. Affirmant ainsi que ce n’est pas parce que l’on incorpore chansons et poésie dans les long-métrages d’animations que l’on prend forcément les enfants pour des débiles. Il s’agit simplement de montrer le monde tel qu’il est tout en faisant comprendre qu’il appartient à chacun de le rendre plus attrayant et meilleur.
Vouloir faire rêver n’est pas un crime et Dans l’ombre de Mary sous ses allures de chronique racontant l’adaptation de Mary Poppins, use de ce prétexte pour nous le rappeler. Il est facile de critiquer et de pointer du doigt, il est bien moins aisé de savourer et de voir plus loin que le bout de son nez.
Ma note : 8/10