Critique de « La Belle et la Bête » par E-Stark
« Les mois se firent des années et le prince perdait tout espoir d’échapper à cette malédiction, car en réalité, qui pourrait apprendre un jour à aimer une Bête ? »
Hattie Morahan – « La Belle et la Bête » de Bill Condon (2017)
Au départ une peur, fondée à juste titre, puis une attente assez surprenante, et enfin une impatience démesurée. Voilà un peu mon ressenti avant de découvrir La Belle et la Bête au cinéma et en version live de surcroît.
Alors que dire après visionnage du film tant ce dernier s’emploie à retracer à la lettre le classique d’animation de 1991 ? Plusieurs choses. La Belle et la Bête joue sans détour sur la nostalgie du spectateur, il faut dire que les autres adaptations notables n’ont pas à rougir, celle de Cocteau bien sûr, sublime, mais aussi celle de Disney à laquelle cette version live fait directement référence. En fait ce qui déstabilise au même titre que pour Cendrillon en 2015 et Le Livre de la Jungle en 2016, c’est qu’il s’agit-là de l’adaptation d’une adaptation.
Partant de ce constat le film se révèle évidemment sans surprise mais on s’acharne forcément à vouloir y retrouver tout ce qui faisait le sel de la version précédente. Le cinéma est désormais affaire de mises à jour. Ainsi La Belle et la Bête propose les chansons mais aussi les répliques cultes du film d’animation, avec quelques petits changements évidemment mais dans l’ensemble tout reste identique. Les nouvelles chansons apportent quelque chose il faut bien l’avouer, notamment celle de la Bête après que celui-ci ai laissé partir Belle retrouver son père.
Ce qui frappe en premier lieu dans la réalisation de Bill Condon c’est surtout ce désir de vouloir remplir l’espace. Ainsi bon nombre de scènes sont soient remplies de figurants ou bien quand il s’agit de chansons plus intimes par exemple, ce sont les décors qui viennent exprimer les émotions des personnages. Dans cette version live tout vient appuyer les émotions des protagonistes, c’est un plus non négligeable, d’autant plus que visuellement le film s’avère superbe.
Si la Bête en performance-capture s’avère très convaincante, les décors sont également très riches en détails. J’avais quelques craintes concernant les objets animés, mais fort heureusement Lumière, Big Ben, Mrs. Samovar et compagnie sont tous vivants et crédibles. Quant au rythme du film il ne faiblit jamais, les chansons y sont pour beaucoup mais de manières générales le film n’a pas de mal à retenir l’attention tant il se rapproche de toute façon de l’œuvre originale.
Déferlement de couleurs et d’images portées par une technologie à la pointe, Disney met le paquet et certaines séquences n’en sont que plus réussies. Ce fût un vrai bonheur de retrouver « C’est la fête ! » avec la même dynamique, ou bien encore « L’Histoire éternelle ». Certains passages m’ont personnellement imprégnés la rétine, si bien que le fan que je suis gigotais comme un gamin sur son siège, se rappelant les souvenirs d’enfance d’un grand film d’animation dont émanait joie, rêverie et candeur. La romance éternelle de Belle et de son prince maudit est éclatante, à l’image d’Emma Watson sous les traits de l’héroïne. Au fond de moi c’était en partie ce que je souhaitais, rêver à nouveau devant cette histoire.
C’est beau mais au final que peut-on en retirer ? J’avais un peu pesté contre Cendrillon en 2015 car il n’apportait rien de plus, au contraire de Maléfique en 2014 qui s’aventurait sur le terrain dangereux de la relecture. A vrai dire La Belle et la Bête est sans surprise mais je suis plus conciliant sans doute car le film d’animation est l’un de mes favoris et que cette version live ne lui fait finalement aucun tort.
Malgré tout j’irais jusqu’à dire que les deux versions se complètent bien. Ce film live tente d’étoffer un peu l’histoire de Belle et de la Bête en ayant recours à des flashbacks, c’est classique mais ça a au moins le mérite d’être là. Quant au reste du film il est inoffensif, se contentant de satisfaire tout les publics, représentant chaque minorité aussi.
Conscient qu’il ne pourra pas de toute façon faire mieux que le film d’animation de 1991, Bill Condon signe ici une version live aussi belle que sans surprise mais néanmoins plaisante. J’avais peur au départ, mais force est de constater que contrairement à son aîné, cette version live bien qu’elle n’ai pas l’étoffe pour l’égaler, se contente de lui déclarer un amour sans borne. Après tout c’est bien la moindre des choses que mérite une histoire aussi belle que celle-ci.
Ma note : 7/10