Critique de « La Planète des Singes : Suprématie » par E-Stark
« Dites à votre Colonel que nous ne sommes pas des bêtes sauvages. »
Andy Serkis dans le rôle de César – « La Planète des Singes : Suprématie » de Matt Reeves (2017)
Initiée en 2011 par Les Origines, La Planète des Singes est l’une de ces sagas qui a su marquer son retour sur grand écran grâce à une qualité d’écriture impeccable et une réalisation solide. Même si L’Affrontement était un cran en-dessous de son prédécesseur, cette histoire ne demandait qu’à s’étoffer un peu plus encore et surtout à trouver une conclusion à la hauteur de ses ambitions.
Mieux vaut le dire d’emblée : nous sommes ici en plein dans l’hyper-réalisme. Visuellement ce film est fantastique. César qui est devenu au fil du temps un vrai personnage de cinéma trouve ici une nouvelle fois un visage qui marquera le public grâce notamment à une technique à la pointe. Tous les singes sont vivants et parfois même c’est à s’y m’éprendre. Andy Serkis devrait vraiment recevoir un oscar pour tout ce qu’il a fait dans la motion-capture.
Difficile donc de revenir sur le film sans s’arrêter sur sa puissance visuelle, c’était déjà le cas dans les deux autres opus. Mais ce qui nous intéresse ici aussi et qui fait du film une oeuvre intense, c’est son scénario. Ici la narration s’axe principalement sur la vengeance de César, faisant le contraste entre son devoir envers les siens qu’il doit protéger et ses intentions personnelles. Comme dans le second volet, on retrouve un peu cette dramatisation en miroir entre les humains et les singes, mais ici cet aspect est plus maîtrisé et amené plus habilement aussi. Nous amenant vers une conclusion aussi forte que douce et amère. Finalement la planète qu’elle appartienne aux hommes ou aux singes, est-ce qu’il y a une si grande différence ?
Le tour de force de la franchise, et ce depuis 1968 au cinéma et dans le roman de Pierre Boulle en 1963, a toujours été de nous mettre dans la peau des singes face aux hommes, face à nous-même en somme. Ici ce tour de force atteint son paroxysme, et vient rappeler l’impact que l’homme a vraiment sur son environnement. Ainsi La Planète des Singes : Suprématie n’est plus seulement un grand blockbuster de bonne facture, mais bel et bien un message fort pour le spectateur qui le visionne. Quand le cinéma nous met en garde, c’est d’ailleurs aussi à cela que l’art sert. Il nous ouvre les yeux au même titre qu’il nous transmet des émotions. Ajoutez à cela toute la dimension émotionnelle et dramatique du film, et vous obtenez un cocktail détonnant et habile en terme d’écriture.
Mais le film ne fait pas que surfer sur ses ambitions dramatiques et universelles. Il se permet aussi parfois un peu de légèreté et n’hésite pas non plus à embrasser complètement sa dimension divertissante. On ne s’ennuie pas un seul instant, le rythme est bon, et si certains pans de l’histoire sont là pour alléger un peu le récit, finalement très sombre, les faces à faces entre César et le Colonel (Woody Harrelson est impeccable) viennent nous rappeler que l’on est bien dans une oeuvre qui ne cherche pas seulement à nous en mettre plein la vue, mais surtout à nous faire réfléchir.
L’histoire de César se termine donc ici, dans un long-métrage poignant, fort et beau. On peut d’ailleurs courir revoir le film original de 1968 avec Charlton Heston, tant ce dernier peut désormais s’inscrire comme une suite directe. Après tout La Planète des Singes est finalement une boucle temporelle si on prend en compte tous les opus sortis. Quoi qu’il en soit, Suprématie rend à la fois toutes ses lettres de noblesses à la saga mais aussi à un genre tout entier, celui du blockbuster malin et habile. Une belle conclusion !
Ma note : 8,5/10