Critique de « Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence » par E-Stark
« Ressentez-vous, devant une falaise, cette envie irrésistible de plonger ? Et bien pas moi. »
Johnny Depp – « Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence » de Robb Marshall (2011)
Alors que Pirates des Caraïbes : Jusqu’au bout du monde concluait une trilogie, il ouvrait aussi une possible suite à d’autres films. Mais après le retrait de Gore Verbinski à la réalisation, c’est entre les mains de Robb Marshall que la franchise échoue.
S’inspirant d’une histoire d’aventure plutôt que de la mythologie mise en place dans les trois autres volets, le réalisateur peine bien souvent à redonner aux personnages l’éclat qu’ils ont eu par le passé. Si bien que même les plus emblématiques n’offrent rien de neuf. Bien entendu le plaisir de retrouver Sparrow et Barbossa est présent, mais on aurait souhaité pour eux des retrouvailles plus convaincantes. Outre cela il faut aussi souligner que le film souffre cruellement d’un rythme décousu et d’un manque de prises de risques. Si la partie à Londres au début ne manque pas de punch et laisse planer des augures favorables quant à la suite du métrage, on déchante finalement assez vite une fois cette nouvelle aventure mise en place.
Non pas que le divertissement soit absent, La Fontaine de Jouvence est un vrai film d’aventure à l’ancienne, mais ce n’est pas assez rétro pour nous rendre nostalgique et pas assez moderne non plus. Il en résulte donc un film bien plus classique que ses prédécesseurs. Notons également que là où les trois premiers volets mettaient en place un vrai univers avec sa propre mythologie, dans lequel était distillé un message sur la liberté et les choix, le film de Robb Marshall se rattache à des éléments plus terre à terre. Exit le Kraken, Calypso et ses tempêtes. Ici on prend place dans un univers plus proche de la culture populaire avec des zombies (qui ne servent à rien), des sirènes, dont une s’appelant Syrena (si si !) et bien entendu la fameuse Fontaine de Jouvence, issue de la mythologie bibliques. Pire encore on ne sait pas vraiment ce qu’il advient des pirates suite à la chute de Lord Cuttler Becket. Pas de nouvelles de William Turner non plus …
En revanche il faut aussi souligner les quelques qualités que le film comporte. Si Barbe-Noire campé par Ian McShane ne manque pas de charisme, sans toutefois avec l’étoffe de Davy Jones, l’acteur fait son job et le personnage aussi. Penelope Cruz quant à elle s’amuse dans un registre qui ne lui est pas familier, c’est plaisant mais pas transcendant non plus. On en viendrait presque à regretter les sautes d’humeurs d’Elizabeth Swann. Les nouveaux personnages sont sympathiques mais n’apportent finalement pas grand-chose au récit, c’est d’ailleurs un peu le cas du film lui-même, il n’apporte rien aux trois précédents.
Visuellement en revanche il faut bien avouer que c’est très beau, les décors naturels bien sûr, mais aussi les effets visuels, les sirènes sont superbes. Même si en y en repensant on ne peut que noter un manque d’ambition ici comparé aux trois premiers films. Un équipage de mort-vivants ou bien d’hommes poissons, c’est quand même autre chose que quelques zombies vaudou maquillés. La musique d’Hans Zimmer en revanche est de bonne facture une nouvelle fois, le thème de Barbe-Noire est excellent, idem concernant celui des sirènes. On note d’une manière générale que le film tente de s’émanciper de ses prédécesseurs, c’est louable mais terriblement mal-amené et ça ne fonctionne pas vraiment au final.
Bref La Fontaine de Jouvence est un opus un peu quelconque, loin d’être mauvais mais sans grand intérêt comparé aux autres. Il ne raconte pas grand-chose et se contente de divertir, même si cette tâche s’avère parfois laborieuse. Les pirates auraient-ils fait trop main basse ?
Ma note : 6/10