Critique de « Raya et le dernier dragon » par E-Stark
« C’est peut-être parce que la confiance a disparue que le monde va mal. »
Géraldine Nakache, la VF de Sisu – « Raya et le dernier dragon » de Don Hall, Carlos Lopez Estrada, Paul Briggs et John Ripa (2021)
Un nouveau film d’animation Disney c’est à chaque fois un événement, mais la sortie de Raya et le dernier dragon est un peu particulière. Cause de pandémie mondiale oblige, du moins c’est ce que les dirigeants de Disney aimeraient nous faire croire, Raya n’est pas sorti en salles mais bien sur Disney+ chez nous en France.
A bien des égards, la plateforme Disney+ ne brille pas de mille feux concernant la variété de ses créations originales concernant les films. Certes Raya est une exception à la règle, mais le film n’était clairement pas destiné à être vu sur un petit écran, sa puissance visuelle en est une preuve irréfutable. J’ose encore espérer que le cas de Raya est isolé, comme celui de Mulan, après tout Cruella sortira bien en salle, alors que pour le coup ce dernier aux vues de la bande-annonce pourrait se contenter d’une sortie directement sur la plateforme, mais c’est un autre débat. Quoi qu’il en soit pour Raya et le dernier dragon à l’instar de Soul et Luca, nous devrons nous contenter de nos écrans à la maison, qui aussi qualitatifs soient-ils ne remplaceront jamais l’ambiance et l’excitation de découvrir un nouveau film en salle. Je me répète sûrement et je passe vraisemblablement pour un grincheux, mais je peine vraiment à admettre que la firme Disney ai perdu conscience des émotions que les salles procurent.
Le dernier film d’animation des studios Disney est donc une réussite sur plusieurs points, notamment visuellement comme dit plus haut, mais pas que. Car quand bien même son scénario en forme de parcours initiatique ne transpire pas l’originalité, Raya et le dernier dragon ne manque pas pour autant de profondeur quant à la caractérisation des personnages et leur potentiel sympathie à l’écran. Tous forment une troupe hétéroclite où chacun existe. Pour ce qui est du reste du scénario, tout est assez balisé mais cela convient finalement très bien à la quête menée par les personnages. Pour ma part le seul bémol c’est le Druun, autrement dit la force maléfique qui a poussée les dragons à se sacrifier par le passé pour sauver l’humanité. A l’image comme dans l’intention, ce Druun manque d’impact. Une mélasse violette qui transforme tout en pierre sur son passage. Même dans le fond si on tente de lire entre les lignes, ce n’est pas très clair.
Doit-on y voir une dimension sur l’environnement et l’écologie ? L’impact de l’homme sur la nature ? Pas vraiment puisque les humains de Kumandra ne sont pas à l’origine du Drunn ou de son apparition. En revanche si certes l’antagoniste principal du film est finalement un élément plus qu’un personnage, il permet de mettre en avant de jolies perspectives quant aux fameuses morales propres aux films d’animation Disney. Ici il est question de cohésion et de confiance, l’union faisant la force pour sortir de l’impasse. Difficile de dire que dans l’époque où nous vivons cela n’a pas de sens, tant sur le plan écologique que sur celui de la pandémie qui frappe actuellement le monde, ce ne sont bien sûr que deux exemple. On pourrait aussi y inclure les inégalités et la racisme.
On pourra donc trouver à redire sur le scénario de Raya, pour ma part je n’avais pas d’attente particulière, j’étais simplement curieux, comme c’est souvent le cas concernant Disney en ce qui me concerne. Si je devais le comparer à Vaïana, la production récente la plus proche en terme d’univers et de personnage, Raya fait figure de Disney mineur. Ce qui ne veut pas pour autant dire qu’il n’a aucun intérêt dans le grand édifice qu’est la filmographie des studios aux grandes oreilles. A l’instar d’un Atlantide ou d’un Kuzco, Raya est un Disney qui marque par son univers, son absence de chanson ou bien encore le ton qu’il revêt. Du reste, l’aventure de Raya frappe par sa porté humaine et visuelle. Kumandra est absolument magnifique, riche de divers biomes à l’image d’un Zootopie. Les environnements et les décors fourmillent de détails, la gestion de l’eau est superbe et les ambiances de nuit sont à tomber. Quant aux dragons ils reprennent la forme traditionnelle des descriptions propres aux mythes orientaux, nous rappelant bien sûr le cultissime Mushu qui accompagnait Mulan. Sisu est une dragonne à la fois drôle et gracieuse, les détails du personnage sont impeccables.
Raya et le dernier dragon est un film qui casse certains codes propres aux productions Disney, tout en étant pourtant le produit classique du studio. Une histoire de bien et de mal, de compassion, mais sans chanson. Une belle réussite qui méritait absolument une sortie en salle pour pouvoir en apprécier pleinement toute la portée visuelle certes, mais aussi parce qu’il s’agit d’un film fédérateur.