Critique de « Sils Maria » par Quentin
De « Sils Maria » je retiens principalement ses paysages, splendides et variés : Des Alpes aux scènes en ville, y vont s’entremêler trois superbes actrices, trois générations, l’une (Kristen Stewart) étant le miroir opposant les deux autres (Juliette Binoche & Chloe Grace Moretz). Il s’agit du tout premier film réalisé par Olivier Assayas que je vois, et autant dire que je ne suis pas déçu du voyage. Le long métrage nous narre l’histoire de Maria Enders, actrice de renom se retirant au Sils Maria en compagnie de son assistante Valentine, afin de se préparer au rôle qui opposait celui qui la rendue célèbre vingt ans plus tôt dans la pièce « Maloja Snake ». « Sils Maria », c’est avant tout l’acceptation du temps qui passe à travers le personnage de Juliette Binoche, plus magnifique que jamais dans ce rôle écrit à la perfection. A l’instar du personnage qu’elle doit incarner, Maria est avide de jeunesse, cherchant à se renouveler se sentant dépassée. C’est avec un regard très juste qu’Assayas parle de la dureté du métier d’actrice à travers deux points de vue, celui de l’insouciance des débuts et de la sagesse de l’expérience. Affreusement cruel mais extrêmement beau à la fois, le film prend vraiment tout son sens dans son dernier plan, sur un sourire, apaisé et confiant, après un jeu d’ombres et de miroirs véritablement saisissant dont je ferai appui pour parler de l’excellence de la mise en scène, épurée et aussi douce que des nuages, les nuages de Sils Maria. Certains plans sur les déplacements de Maria et Valentine au Sils Maria lors des répétitions sont absolument dingues, comme lors de leurs excursions à travers les montagnes. Parlons du duo Juliette Binoche/Kristen Stewart : les deux actrices se complètent à merveille. Vraiment. L’alchimie qu’il y a entre celles-ci est palpable et leurs rires comme leurs peines se transmettent au spectateur avec beaucoup de facilité. Sigrid est Helena, Helena est Sigrid ; Valentine est Maria, Maria est Valentine. En se plaçant au niveau du récit, il est possible que vous trouviez le temps long. « Sils Maria » est un film à décortiquer habilement à chacune de ses scènes, à chacun de ses dialogues ainsi qu’à chacune de ses images. Pour approfondir du côté du casting, la prestation de Kristen Stewart en elle-même est vraiment splendide, l’actrice est d’une prestance incroyable et prouve qu’elle est bien capable de faire autre chose que les vierges effarouchées mordues de vampires brillants au soleil.
Dans un tout autre registre, Chloe Grace Moretz s’en tire très bien également, là où on ne l’attendant pas franchement. Des prestations grandioses pour un film maîtrisé et intelligent dans sa forme comme dans son fond là où « Maps to the Stars » de David Cronenberg, qui critiquait également l’industrie du cinéma actuelle, se vautrait totalement à travers des personnages vulgaires et une morale complètement abjecte. Passons à la photographie du film, entre le noir, le bleu et le blanc, ne cessant jamais de changer et d’évoluer à travers le film, il s’agit encore là d’une réussite, car elle s’avère pièce maîtresse dans cette symphonie qu’est le film où chaque rouage est parfaitement construit, de la bande originale mêlant Rock et Classique avec une simplicité aberrante à l’écriture des dialogues, nombreux et passionnants dans cette impression d’inédit qui se fait sentir par le réalisme du long métrage. Durant 2h04, on ne doute pas une seule seconde qu’on est face aux travers d’une actrice et de son assistante, tout est pensé, étudié et appliqué avec beaucoup de minutie par Olivier Assayas pour une immersion totale au sein de la vie de star. « Sils Maria » est un film passionnant où trois actrices se font face avec beaucoup de talent sous une mise en scène exceptionnelle et une narration d’une force incroyable. Une réussite !.
Note : 4/5.
« Sils Maria » d’Olivier Assayas, sorti le 20 août 2014 dans les salles françaises, avec Juliette Binoche, Kristen Stewart, Chloe Grace Moretz, …
Synopsis : À dix-huit ans, Maria Enders a connu le succès au théâtre en incarnant Sigrid, jeune fille ambitieuse et au charme trouble qui conduit au suicide une femme plus mûre, Helena. Vingt ans plus tard on lui propose de reprendre cette pièce, mais cette fois de l’autre côté du miroir, dans le rôle d’Helena…