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Critique de « Split » par E-Stark

« Je n’ai jamais vu un cas pareil : 23 identités vivent dans le corps de Kevin. »

Betty Buckley – « Split » de M. Night Shyamalan (2017)

M. Night Shyamalan revient en 2017 aux sources de ses précédents succès avec un thriller, genre dans lequel il excellait jadis. Split s’impose dès les premiers instants comme un film aux antipodes des derniers rejetons du réalisateur.

Depuis Le Village, film grâce auquel je l’ai connu, j’ai une profonde affection pour M. Night Shyamalan. Pas seulement parce que son cinéma est singulier, souvent passionnant ou bien audacieux, mais surtout parce que l’homme derrière la caméra est sincère et généreux. Son cinéma m’a remué et touché. C’est donc d’autant plus difficile de voir un réalisateur tel que celui-ci chuter de son piédestal. Car après des films comme Phénomènes, Le Dernier Maître de l’Air ou bien encore After Earth, il s’avère difficile d’avoir envie de croire à nouveau à un potentiel retour. Mais à l’image de Tim Burton, M. Night Shyamalan semble avoir des soubresauts indiquant un come-back retentissant. Ça va faire mal.

Effectivement Split aussi réussi soit-il ne laisse pas le spectateur indemne. Bien qu’au générique de fin, la joie d’un Shyamalan retrouvé et en forme se fasse sentir, il est difficile de se détacher de l’histoire qui vient de se dérouler, tant cette dernière nous ramène à nos peurs primaires via une réflexion que l’on espérait plus dans un film du réalisateur.

Split est malaisant mais terriblement jouissif à la fois. Inutile d’avoir peur de ne rien y comprendre, les vingt trois personnalités de Kevin ne sabordent pas le récit au profit d’un film gratuitement trash et malsain, bien au contraire. Tout dans l’écriture nous invite à nous poser des questions sur nous-même. Les apparences, les croyances et la foi aussi, des thèmes chers à Shyamalan. Split est un long-métrage riche en sous-textes et en interprétations, à l’image d’Incassable. Tramant l’intime dans le surnaturel pour mieux nous dérouter et nous surprendre. Voilà enfin un film qui se souvient que les meilleures histoires sont celles où tout ne nous est pas forcément dit. Le spectateur peut se faire ses propres interprétations, c’est aussi à cela que sert le cinéma. En cela le film est réussi, puisque l’une des motivations premières de Shyamalan tout au long de sa carrière a toujours été de vouloir faire ressentir des choses à son public. Pour le coup on passe par plusieurs états émotionnels tout au long du métrage.

Mais si l’écriture n’est pas en reste et offre pléthore de scènes fortes, passant de l’angoisse pure au drame intime avec une facilité déconcertante, le film fonctionne aussi et surtout grâce à la performance exceptionnelle de James McAvoy. Le face à face final est grandiose bien sûr, mais là où l’acteur s’avère surprenant c’est dans sa capacité à jouer divers personnages (parce qu’il s’agit bien de cela au final) sans que cela ne devienne cheap, mais surtout parce qu’il trouve le ton suffisamment juste dans sa voix et sa gestuelle pour que le spectateur imagine les personnalités intérieures de ces personnages. Bien qu’elles aient physiquement toutes la même apparence, McAvoy se mue pourtant tantôt en jeune garçon, en femme coquette ou en maniaque vraiment très TRES inquiétant et j’en passe. Cette performance est remarquable et l’acteur au-delà du récit tient à lui seul le film, c’est un plaisir de le voir se donner à fond tout en demeurant juste.

Que dire d’autres ? La mise en scène peut-être ? Cette dernière nous rappelle la bonne vieille époque où Shyamalan filmait Bruce Willis comme un héros dans Incassable, ou bien encore cette caméra intrusive et qui savait aussi se montrer plus délicate pour Le Village. A cela le réalisateur ajoute quelques nouveautés, tentant de donner plus de punch à son montage via la mise en scène et ça fonctionne. Mais à l’image de Kevin et de ses multiples personnalités, on sait pertinemment que l’on est face à un film purement Shyamalanien et pourtant parfois on n’en reconnaît pas toujours la patte tant ce dernier s’amuse à travers sa mise en scène à surprendre son public.

C’est un retour inespéré, je n’en n’attendais rien par peur d’être à nouveau déçu, même si The Visit n’était pas si mal qu’en j’y repense. Mais Split marque sans aucun doute un nouveau segment dans la filmographie du réalisateur, et il a l’air terriblement passionnant. Heureux de te retrouver M. Night, ça faisait bien trop longtemps !

Ma note : 8/10

Cinéphile parfois cinéphage, j'aime écrire et lire des critiques. Je voue un véritable culte à Terrence Malick et Tim Burton, mais je suis d'une manière générale assez éclectique en matière de cinéma. Bonne lecture ... ou pas !

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