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« 120 battements par minute » par Quentin

Je dois vous parler de ce film tout comme celui-ci se devait d’exister. Oui, 120 battements par minute est de ces œuvres qui changent une vie. Trois semaines que je l’ai découvert en salles, trois visionnages depuis, ressentis de manières très différentes. Enfin une troisième et dernière fois en compagnie de celle sans qui je ne serais pas là pour écrire ces lignes aujourd’hui. Dire au revoir à ce long métrage en compagnie de ma mère pris très vite une tournure logique dans mon esprit, tout comme le parcours du protagoniste s’achève auprès de la sienne. Où commencer, quoi aborder… Tout d’abord vous dire que j’ai vécu chacun de ces battements comme l’effet d’une bombe. Que cela soit l’immense regard plein de vie de son acteur principal, l’étoile montante Nahuel Pérez Biscayart, ou bien le charisme naturel et apaisant de son compagnon de jeu Arnaud Valois, tout, absolument tout nous emporte dans cette fresque électrisante et saisissante.

La caméra du réalisateur Robin Campillo donne au film une puissance rarement atteinte au sein du cinéma français : d’un plan large en plein Paris à l’intime d’une chambre fébrilement illuminée réunissant deux amants, tout est mesuré à la perfection, satisfaisant encore plus le spectateur d’observer un sujet si brillant servi par la très grande maîtrise technique qu’il méritait. Plus qu’un film sur le sida, plus qu’un film d’amour, 120 battements par minute arrive aujourd’hui en 2017 comme un rappel nécessaire, la mémoire d’un combat pour des droits tellement acquis dans notre société qu’on en oublierait presque que ce combat est d’une proximité temporelle effrayante, qu’on en oublierait presque que ce pourquoi nous nous sommes battus hier pourrait très bien nous être enlevé demain.

La force assez phénoménale du long métrage est presque de réveiller une conscience un peu endormie, de bousculer le petit monde d’une communauté jouissant d’un présent certes bien plus radieux qu’en 90, mais rejetant de plus en plus l’image de ceux leur ayant permis de s’épanouir de nos jours, refusant de s’associer à toutes ces « folles sur talons hauts », sans qui rien n’aurait été possible aujourd’hui…

L’oeuvre se sublime aussi en ce sens : s’émanciper de tous artifices pour aller vers l’essence même des choses, vers le diamant brut. Jamais un film n’aura allié sensibilité et force avec autant de justesse, de sa bande son euphorisante nous laissant sans voix lorsqu’elle se dissipe alors que sonne le fondu au noir final, en passant par la douceur des regards entre Sean et Nathan, le long métrage fait l’effet d’un grand huit dont le retour sur terre ferme laisse place au silence absolu puis l’envie insatiable d’aimer et de vivre le plus intensément possible, pour que les combats d’hier comptent, et que ceux de demain se vivent au rythme de mille battements par minute.

Quentin« 120 battements par minute », film français de Robin Campillo, sorti le 23 août 2017,
avec notamment Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel, …

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