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Critique de « Avatar : La Voie de l’eau » par E-Stark

« La voie de l’eau relie toute chose, de la naissance et après la mort. »

Britain Dalton – « Avatar : La Voie de l’eau » de James Cameron (2022)

 

Il aura donc fallu plus d’une décennie à James Cameron pour narrer la suite des aventures de Jake Sully et Neytiri. Quatorze ans d’attente pour retourner enfin sur Pandora, revoir ses autochtones et sa faune merveilleuse. Cameron où l’art de remettre les pendules à l’heure tous les dix ans.

J’avais pour ma part été parfaitement enchanté et transporté par Avatar en 2009, le film m’avait instantanément conquis. Bien qu’il ne fut pas forcément de bon ton à l’époque d’encenser le film pour ce qu’il était, jugé trop basique concernant son écriture, et simplement un déluge d’effets spéciaux réussis. Je n’ai jamais été totalement d’accord avec cela. Réduire Avatar à son seul scénario est à mon sens un peu bête. Ce second volet souffre évidemment de la même réputation, quatorze ans après, les gens ne changent pas. Bref !

 

 

La Voie de l’eau est une merveille, au temps le dire d’emblée mais c’est vrai, de toute façon on ne reverra pas un film comme celui-ci avant le prochain. Cela étant, et bien que je puisse affirmer après deux visionnages au cinéma (en 3D HFR pour ceux que ça intéressent) que je préfère cette suite au premier, le film est aussi la porte ouverte à un troisième volet qui sera soit génial soit décevant. Je m’explique : si La Voie de l’eau ne brille en effet pas par l’originalité de son scénario, il n’en demeure pas moins que ce dernier s’avère efficace et logique. Ce script, aussi simple soit-il donc, pose les bases nouvelles d’une grande histoire qui pourrait s’étoffer dans les trois films suivants afin d’amener des thématiques intéressantes. Pour l’instant en effet il ne s’agit que d’une histoire de vengeance, celle de Quarritch, et une histoire familiale, celle de Jake et Neytiri. Espérons que cette intrigue sera résolue pour mettre en place des choses plus universelles.

 

Mais comme pour le premier volet, c’est ce qui gravite et par conséquent vise à justifier ces histoires, qui impacte vraiment en terme de thématique. Car bien que Cameron s’en soit défendu durant la promotion du film en fin d’année 2022, La Voie de l’eau est belle et bien une oeuvre écologique, plus que jamais en phase avec l’état actuel des choses dans nos sociétés et la planète sur laquelle nous vivons. A titre personnel je n’arrive pas à fustiger sous couvert d’un scénario trop faible, un film qui tend à rappeler à quel point l’humain peut-être cupide et peine à apprendre de ses erreurs. Surtout quand tout cela est mis en scène avec la maestria et la passion qui animent James Cameron. Alors oui tout est un peu caricatural, Pandora aussi belle et envoûtante soit-elle ressemble beaucoup à la Terre, mais ce n’est pas grave. J’irais même jusqu’à dire qu’il est nécessaire que tout nous semble familier. James Cameron possède cette capacité (tout de même étonnante quand on y pense) à rassembler les foules, alors si avec cela il peut se permettre de faire réfléchir son public, tant mieux !

 

Evidemment au-delà de son scénario et de ses thématiques, il est impossible de parler de La Voie de l’eau sans évoquer sa dimension créative et technique. C’est d’ailleurs le point qui semble mettre tout le monde d’accord. La suite d’Avatar dépasse son aîné, qui lui-même après dix ans restait à bien des égards une pointure dans son domaine. Qu’on se le dise (et c’est d’ailleurs un peu triste) mais les films à gros budgets qui sortiront après celui-ci, d’autant plus s’ils situent leur action dans un environnement aquatique, vont nous paraître bien ternes. Il faudra donc savoir les apprécier à leur juste valeur, mais cela sera difficile tant James Cameron signe ici ce qui s’apparente presque à un miracle. Une épiphanie en quelque sorte, tant la technique atteint des sommets ici et montre à quel point le cinéma peut encore repousser les limites du superbe.

 

L’eau, la faune et la flore, les na’vis, tout vit ici. Tout est tangible, tout semble ancré dans une sorte de réalité fantasmée et captivante. Pandora resplendie de mille feux et pourtant l’histoire opère ici un changement de décors total. Mais grâce à la force des détails et parce que tout est parfaitement pensé, ces personnages et la nature dans laquelle ils évoluent sont crédibles. A cela le scénario convoque aussi le mysticisme, ou du moins quelque chose qui s’y rapporte pour nous simples humains profanes, car bien entendu Eywa est plus que jamais représentée dans le film, rendant Pandora organique au sein de l’histoire racontée et encore une fois crédibilisant l’ensemble. Le monde imaginé par Cameron n’est peut-être pas une référence en terme de world-building comme peuvent l’être par exemple la Terre du Milieu chez Tolkien ou bien la Galaxie chez Lucas, mais force est de constater que Pandora fourmille de détails qui lui donnent de la consistance et une singularité propre. Cette idée d’une nature biologiquement et psychiquement interconnectée est sacrément bonne, puisque cette dernière renforce tout le reste, notamment le scénario.

 

Bien entendu si Cameron démontre une fois de plus qu’il sait toujours tenir une caméra et découper un script, puisque oui c’est simple mais diablement efficace, cela ne serait rien sans la pléthore d’acteurs et actrices qui servent le film en performance capture. On retrouve évidemment Sam Worthington qui campe à nouveau Jake Sully, ici en père de famille rattrapé par ses exploits passés. Très convaincant et même touchant, plus en phase encore avec son personnage qu’il y a quatorze ans. Zoe Saldaña retrouve Neytiri, toujours aussi forte, son personnage pourrait paraître pourtant plus en retrait, mais je l’ai pour ma part trouvé vraiment marquante à chaque fois qu’elle était là, l’héroïne doit faire des choix et demeure ici guidée par ses sentiments plutôt que par ses devoirs. Cela la rend plus vulnérable, ce qui permet à l’actrice de laisser exploser tout son potentiel. Kate Winslet s’ajoute au tableau dans le rôle de Ronal la Tsahik du clan Metkayina. Si l’actrice retrouve ici celui qui l’a propulsée au rang de superstar avec Titanic, elle n’en demeure pas moins très juste dans son rôle, un personnage d’ailleurs beaucoup plus nuancé que les autres, elle forme un couple avec Tonowari campé par Cliff Curtis, impeccable lui aussi. Stephen Lang est également de retour, et son charisme avec.

Mais les bonnes surprises tant au niveau des personnages que du casting sont chez les plus jeunes. Certes Sigourney Weaver incarne ici avec brio une jeune avatar de quatorze ans, elle fait donc figure d’exception bien que cela soit à saluer car la performance est parfaite, on notera aussi les prestations sans faille de Britain Dalton pour Lo’ak le second fils du couple Sully, Jamie Flatters pour Neteyam son aîné, Trinity Jo-Li Bliss qui joue Tuk la plus petite, Jack Champion dans le rôle plus ambivalent de l’humain Spider, ainsi que Bailey Bass qui incarne Tsireya, loin d’être un simple love interest.

 

 

Voilà donc de quoi il en retourne, pour ma part évidemment, d’Avatar : La Voie de l’eau, qui outre une partition musicale un peu moindre que celle du regretté James Horner, s’impose comme un film majeur de ce début de décennie. James Cameron vient donc une nouvelle fois remettre les pendules à l’heure, comme il l’avait fait en 2009. La vraie question c’est de savoir s’il en sera de même pour le troisième volet.

Avatar : La Voie de l'eau

9

Ma note :

9.0/10

Les Plus

  • Un retour réussi sur Pandora !
  • Un univers toujours aussi envoûtant.
  • Une maestria technique !

Les Moins

  • Une bande originale un cran en-dessous du premier volet.

Cinéphile parfois cinéphage, j'aime écrire et lire des critiques. Je voue un véritable culte à Terrence Malick et Tim Burton, mais je suis d'une manière générale assez éclectique en matière de cinéma. Bonne lecture ... ou pas !

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