Critique de « Enemy » par E-Stark
« Le contrôle. Tout repose sur le contrôle. Chaque dictature a une obsession, et c’est ainsi. »
Jake Gyllenhaal – « Enemy » de Denis Villeneuve (2014)
Il va de soit qu’avec un pitch comme celui de « Enemy », il s’agit d’un film qui risque de faire couler un peu d’encre, ne serait-ce que pour les diverses interprétations qui risque bien de fleurirent un peu partout sur la toile. Quoi qu’il en soit, le dernier film de Denis Villeneuve ne risque pas de laisser le public indifférent, dans le bon comme le mauvais sens …
Jake Gyllenhaal ne va pas bien, il ne sait plus trop où il en est lorsqu’il découvre son double. Il y a de quoi c’est sûr, mais pourtant, le petit Jaky a beau être dans la tourmente, le spectateur lui n’aura pas véritablement de mal à analyser ce curieux personnage.
En effet si le film de Denis Villeneuve s’avère être singulier dans sa mise en scène et sa construction, le scénario quant à lui demeure plus conventionnel. Attention, l’ensemble reste très efficace, mais le soucis parfois dans les thrillers labyrinthiques comme celui-ci, c’est le cheminement de bonne facture qui n’aboutit pas toujours sur quelque chose de plus pertinent.
Bien que « Enemy » se détache clairement des thrillers habituels par son ambiance très pesante, sa photographie ultra léchée et stylisée, sa mise en scène fouillée et riche en symboles, tout ceci donne bien trop vite l’impression de n’être qu’un simple dispositif au service d’une histoire trop simple. « Prisoners » laissait le doute, « Enemy » le suggère tout en donnant la réponse au fur et à mesure.
Malgré tout on peut tout de même noter des choses très intéressantes, notamment Gyllenhaal qui tient probablement ici sa meilleure prestation. Mais aussi Sarah Gadon, véritablement brillante et mystérieuse. Mélanie Laurent comme à son habitude fait son job sans vraiment réitérer l’exploit de « Inglourious Basterds ».
Le paradoxe de « Enemy » réside dans sa mise en scène, cette dernière s’axe logiquement autour du thème du double et de l’emprisonnement, la ville dans laquelle évolue les personnages baigne dans une teinte d’image jaunâtre, et de nombreux éléments de décors, tels que les immeubles, les vitres, les routes … etc, tous sont là pour permettre au spectateur de trouver la clé du mystère. Là où le problème se pose, c’est que c’est malheureusement à travers ce jeu de symboles, que la mise en scène finit par trop en dévoiler rapidement.
Toutefois le film trouvera sûrement son public, mais de là à dire que l’on est dans la droite ligne d’un futur « Mulholland Drive », il ne faut pas non plus pousser mémé dans les orties.
Ma note: 6,5/10