Critique de « Hunger Games : L’Embrasement » par E-Stark
« Il ne faut surtout pas te laisser aller. C’est dix fois plus long de se reconstruire que de s’écrouler. »
Sam Claflin – « Hunger Games : L’Embrasement » de Francs Lawrence
Il s’est fait attendre, beaucoup étaient impatients malgré la pauvreté du premier volet, voici donc « Hunger Games : L’Embrasement ». On pouvait espérer de nombreuse choses concernant ce second opus, le remplacement du tâcheron Gary Ross par Francis Lawrence à la réalisation était véritablement encourageant. Mais est-ce que ce second film parvient à palier les nombreux problèmes qui faisaient du premier un bien triste ratage ?
Afin de mettre les choses au clair tout de suite, ce nouvel épisode est infiniment plus réussi que son prédécesseur, et ce pour certaines raisons. La première concerne évidemment la mise en scène qui est à des années lumière de celle du premier volet qui donnait littéralement la nausée. Entre nous il aurait été difficile de faire pire. Adieu caméra tremblante et scène filmée avec les pieds qui entravait l’once d’émotion du film.
Ici la mise en scène a clairement bénéficiée d’un traitement particulier, certaines scènes sont d’ailleurs magnifiquement filmées, la parade présentant les tribus notamment. Alliant un style visuel particulier, et pas si dégueulasse que ça d’ailleurs, à des travellings, des plans larges ou rapprochés afin de donner de l’intensité à son film, Francis Lawrence nous invite ici à un voyage dans l’univers du roman de Suzanne Collins (que je n’ai toujours pas lu).
Les images nous dévoilent la puissance et la richesse du Capitol, ce qui contraste évidemment très bien avec les districts les plus pauvres de Panem. Ce dernier point est accentué grâce notamment à une photographie léchée et très propre. De manière générale le film est techniquement bon et utilise les effets spéciaux et autres trucages à bon escient, ils sont aux service d’une histoire et non l’inverse, chose bien trop rare aujourd’hui, il n’y a pas de surenchère visuelle ici. Ce qui mérite d’être souligné !
Pour ce qui est du scénario, là où le premier malmenait sévèrement une histoire avec un potentiel énorme, ce second film quant à lui ne fait pas l’erreur de survoler le sujet. Pas exempt de tous défauts pour autant, il faut néanmoins souligner que l’histoire prend ici une dimension bien plus importante, et surtout se révèle enfin comme elle aurait dû être : Une réflexion sur un système à l’équilibre fragile où seule la cruauté de jeux sanglants parvient à maintenir la plèbe en ordre. Katniss Everdeen n’étant finalement qu’un personnage permettant à ouvrir les portes d’un avenir libre.
On pouvait déjà se faire cette réflexion dans le premier film, seulement c’était bien là le problème, nous étions obligé de prendre le temps de nous faire nous même cette réflexion, car le sujet était trop survolé. De plus il était à l’instar de ce second opus, vendu comme un divertissement pour ados, seulement là où « L’Embrasement » se révèle intelligent, c’est dans sa capacité à mettre en scène un film ou le divertissement à autant d’importance que la réflexion, ce que ne faisait pas « Hunger Games ».
Mais si l’on peut constater ces quelques qualités indéniables sur le plan scénaristique, on pourra aussi pester contre un rythme assez chaotique, le film nous présentant trois actes bien distincts sans que ces derniers parviennent à grimper en puissance sur les 2H30. Si cela laisse en revanche la part belle à une meilleure présentation de la psychologie des personnages, il n’en demeure pas moins que ce qui nous était vendu au départ comme un divertissement, finit par nous lasser. Scènes à rallonge et parenthèses un peu niaises viennent entraver une histoire pourtant sombre, c’est dommage. Notons en revanche que le symbolisme apporté au film est assez appréciable, ceux qui concerne la Rome Antique sont notamment très beaux.
Les acteurs quant à eux sont ici dirigés d’une bien meilleure façon que dans le premier volet, Jennifer Lawrence parvient enfin à convaincre, non pas que son interprétation soit exceptionnelle, l’actrice plutôt cool et fun dans la vraie vie, n’a pas réellement un talent incroyable, elle est juste mais rarement éblouissante. Pourtant ici elle nous gratifie de scènes plus ou moins intenses où l’émotion trouve sa place. Josh Hutcherson apporte lui aussi plus de force à son interprétation, laissant derrière lui le jeune homme un peu benêt du premier volet. Liam Hemsworth n’a quant à lui rien à envier à son frère, l’acteur impose par son charisme et sa plastique, nous servant un jeu plutôt convaincant malgré la présence assez partielle de son personnage.
Donald Sutherland incarne une fois de plus un Président Snow divinement détestable, et Philip Seymour-Hoffman lui donne la réplique avec conviction (ce qui n’a rien d’étonnant) en tant que nouveau superviseur des Jeux. Quant à Sam Claflin (le prince William de « Blanche-Neige et le Chasseur ») compose un personnage plutôt antipathique au départ qui impose lui aussi grâce à sa stature. Pour finir nous noterons que Jena Malone semble beaucoup s’amuser, ce qui n’est pas du tout désagréable.
« Hunger Games : L’Embrasement » est donc infiniment plus convaincant que son prédécesseur, Francis Lawrence livre ici une copie plutôt propre et soignée, pas à l’abri de quelques défauts toutefois, mais qui devrait normalement satisfaire les fans et également les détracteurs du premier volet (dont je fait parti), si bien sûr on est un tant soit peu intéressé par le sujet du film au départ.
Ma note : 7/10