Critique de « The Revenant » par Quentin
Habité et remarquable, « The Revenant » est incontestablement l’une des expériences cinématographiques les plus fortes de ces dernières années.
C’était les grands yeux bleus d’Emma Stone qu’Alejandro González Iñárritu filmait l’année dernière dans son splendide « Birdman ». Cette année, c’est ceux de Leonardo DiCaprio qu’il va tenter de sonder durant ces deux heures trente six de film. L’acteur n’a jamais été aussi bon que dans « The Revenant », et dieu seul sait à quel point son jeu était parfait dans le reste de sa filmographie. Une palette de jeu époustouflante, de la rage à la tristesse en passant par le désespoir, un engagement physique herculéen et un charisme toujours très présent, Leonardo DiCaprio s’assure la récompense ultime à la cérémonie des Oscars le mois prochain. Si jamais la statuette venait à nouveau à lui passer sous le nez, il peut être certain qu’il est et restera à jamais le meilleur acteur aux yeux de tous. Face à lui, Tom Hardy fait des étincelles. C’est à un choc des titans bien réel auquel on assiste, l’opposition de deux immenses acteurs, chacun ayant eu des parcours bien distincts, mais tout deux réunis par une seule et même chose : le dépassement de soi. Car c’est exactement à cela qu’on a affaire, deux acteurs qui donnent tout, absolument tout, s’abandonnant à la douleur et aux conditions physiques éprouvantes des lieux de tournage en pleine nature, afin de donner vie à la passionnante histoire du trappeur Hugh Glass et sa quête de vengeance, mais aussi de paix intérieure…
On est enivrés par ces décors naturels somptueux, ces luminosités authentiques qu’a cherché à capturer Iñárritu durant tout son long métrage, mais aussi par la magistrale bande son composée par Alva Noto & Ryuichi Sakamoto, dont les envolées resteront gravées dans ma mémoire pour longtemps. Plus qu’une prouesse artistique, « The Revenant » est un pur film de passionné de cinéma, le vrai, celui fait à la sueur du front, celui qui respire, qui parle, qui vit. Autant contemplatif qu’enragé, le long métrage trouve un juste équilibre entre la colère des hommes et la douceur de la nature pour aboutir à une ambiance très singulière semblable à nulle autre. Outre deux têtes d’affiche dont la force et le talent éblouira plus d’un, on retrouve bon nombre de têtes connues au sein de la distribution : Will Poulter (« Le Labyrinthe ») et Domhnall Gleeson (« Ex-Machina ») notamment. Encore une fois, nous avons là deux brillants jeunes acteurs, se mettant corps et âme dans leurs compositions et crevant l’écran sans peine à plusieurs reprises.
Tour à tour empreinte d’une cruelle beauté et d’un lyrisme absolu, la mise en scène d’Alejandro González Iñárritu est réellement novatrice et éreintante de perfection. Trois plans séquences me sont restés en mémoire, l’un d’entre eux n’est autre que celui de la scène de l’attaque du campement américain par les Arikaras au début du film, dont un extrait est montré dans la bande annonce. La réussite du cadrage et du montage son y est pour beaucoup et la chorégraphie des combats est d’une très grande précision. Pour les deux autres, je vous laisse le plaisir de les découvrir par vous même lors de la sortie du long métrage le 24 février prochain au cinéma.
« The Revenant » est aussi et surtout un regard âpre, réaliste et sans concessions sur notre propre condition d’être humain. Le long métrage m’a poussé dans mes propres retranchements et m’a fait prendre conscience de la puissance d’une simple volonté de vivre. Le film est par ailleurs secondé d’arcs thématiques véritablement saisissants : Jusqu’où sommes nous capable d’aller par amour ? Par désir de vengeance ? Est-ce la clé de nos maux ? Nos origines font-elles ce que nous sommes ? C’est en plaçant son miroir entre les années 1820 et notre époque qu’Iñárritu démontre toute la qualité de son art et la portée de celui ci. « The Revenant » marque un tournant décisif dans l’histoire du cinéma et reprend le flambeau du dernier film de George Miller sorti l’année dernière, pour écrire un nouveau chapitre d’une révolution cinématographique déjà bien en marche. Chef d’oeuvre.
Note : 5/5.
« The Revenant » d’Alejandro González Iñárritu, à l’affiche le 24 février prochain, avec notamment Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Will Poulter, …
Synopsis : Dans une Amérique profondément sauvage, Hugh Glass, un trappeur, est attaqué par un ours et grièvement blessé. Abandonné par ses équipiers, il est laissé pour mort. Mais Glass refuse de mourir. Seul, armé de sa volonté et porté par l’amour qu’il voue à sa femme et à leur fils, Glass entreprend un voyage de plus de 300 km dans un environnement hostile, sur la piste de l’homme qui l’a trahi. Sa soif de vengeance va se transformer en une lutte héroïque pour braver tous les obstacles, revenir chez lui et trouver la rédemption.