« Stillwater » par Quentin Penel
Sous ses airs d’actioner yankee lorgnant sur le Taken de Pierre Morel, Stillwater est sans doute une victime moderne des communications mensongères sur les postulats véritables des long-métrages.
On ne blâmera pas Universal, le pedigree musclé de Matt Damon et la nécessité d’exister dans la myriade de propositions en salles post-covid ouvrait difficilement la porte à d’autres formes de promotions.
Ainsi, Stillwater n’est pas un ersatz de Jason Bourne, le personnage de Bill Baker en est même l’anti-thèse : tout sauf le père-courage qu’on imagine, Matt Damon compose un redneck bouleversant arraché à ses racines pour faire face à ses démons dans la tentative désespérée d’accompagner sa fille accusée de meurtre, dont le dossier est définitivement clôt depuis cinq longues années.
Loin des carcans classiques de quête pour la vérité hollywoodienne, le film de Tom McCarthy nous parle de déterminisme social, de chocs culturels (ceux de l’Amérique et de la France profondes) donnant des teneurs bien plus qu’attendues à ces arcs narratifs fascinants.
Au milieu de tout cela, Camille Cottin se taille son tout premier grand rôle étoilé, avant le très attendu House of Gucci de Ridley Scott en novembre. Dans le rôle de Virginie, l’actrice de Dix pour cent donne merveilleusement la réplique à Matt Damon : le couple inattendu est aussi convaincant que sexy, l’alchimie est de toutes les scènes et nous attache sincèrement au sort des personnages durant les deux heures vingt de cinéma.
Appliqué dans l’écriture de ses personnages, réellement imprégné des décors qu’il filme, Tom McCarthy est toujours l’une des plumes les plus subtiles de notre époque, après son oscar pour Spotlight et le scénario du pixar Là-haut.
On regrettera que le film file sous les radars, Stillwater est la vraie belle surprise de la rentrée cinématographique.