Critique de « Cinquante Nuances de Grey » par Quentin
Je dois très certainement avoir des tendances suicidaires pour m’attaquer à « Cinquante Nuances de Grey« , être un peu maso, pour rester dans le thème. Mais j’aime ça, vivre dangereusement, et c’est ainsi que je commence cette critique en vous avouant avoir apprécié – en partie – ce que j’ai vu. Certes, les dialogues sont d’une nullité à faire peur, certes, le film ne cesse de prendre les spectateurs pour des idiots à promettre quelque chose d’osé pour finalement deux-trois coups de cravache sous fond de Beyoncé. Pourtant, le film fait preuve d’une légèreté totalement absente du matériau original ainsi que d’une héroine bien plus attachante que la pauvre gourgandine écervelée des romans d‘E.L. James. Ici, l’Anastasia campée par Dakota Johnson n’hésite pas à repousser son Christian Grey d’amour quand il le faut, interprété par un Jamie Dornan en demi-teinte tout au long du film, tantôt gêné par la folie du personnage qu’il incarne, tantôt très charismatique. C’est ces points qui auront fait toute la différence dans mon jugement final, car « Cinquante Nuances de Grey » s’avère être un film tout à fait regardable, et tout à fait divertissant. Certains verrons une oeuvre faisant constamment l’apologie de la violence conjugale, d’autres un simple objet de fantasme romancé, le débat étant presque impossible tant les avis resteront ancrés des deux côtés, ce n’est donc pas sur ce point que je m’attarderai dans cette critique mais simplement sur le but lucratif qu’il accomplit, avec plus ou moins de réussite. Tous les éléments sont réunis pour plaire au grand public : un tandem au physique avantageux (ayant manifestement beaucoup de mal à s’entendre hors caméra), des acteurs secondaires sympathiques, une bande originale excellente et une réalisation soignée accompagné d’une photographie très perfectionnée. Là où on assistait à des scènes de sexe (trop) explicites à la limite du lassant tant elles semblaient toutes surréalistes dans les livres, Sam Taylor-Johnson réduit ici le quota de ces fameux passages pour des scènes filmées avec beaucoup de classe, jamais dérangeantes et toujours utiles au récit.
Parmi les acteurs secondaires, on retrouve Eloise Mumford pour qui la sympathie se fait presque immédiatement, ainsi que Rita Ora et Luke Grimes, susceptibles de faire des étincelles lors des suites connaissant l’évolution de leurs personnages malgré des rôles très mineurs dans ce premier opus. Si l’ensemble convainc, on ne peut s’empêcher de remarquer le manque d’alchimie entre les protagonistes, ce qui handicape beaucoup le film mais laisse cependant place à un comique de situation fait de silences gênés, qui fera peut être le charme du duo à long terme. Autre gros problème, l’écriture des dialogues qui est d’un ridicule à faire peur, appuyé dans mon cas par une VF pathétique, desservant largement le jeu des acteurs. Cependant, l’érotisme omniprésent durant tout le long métrage enlève une bonne partie de la niaiserie qu’on pouvait craindre face à ce pur produit calibré pour ces dames (et certains messieurs), en plus d’une légèreté, qui, je le répète, fait véritablement la force de la vision de Sam Taylor-Johnson sur la romance imaginée par E.L. James. En bref, si le film ne peut s’empêcher de se planter magistralement sur bon nombre de points, il évite, sous certains aspects, de se vautrer là où les haters l’attendait de pied ferme. De là à dire que je suis fan, il y a plusieurs pas que je ne franchirai pas, mais le nanard attendu n’est pas là, et c’en est presque triste.
Note : 2,5/5.
Quentin
« Cinquante Nuances de Grey » de Sam Taylor-Johnson, sortie le 11 février 2015 dans les salles françaises, avec Dakota Johnson, Jamie Dornan, Rita Ora, Luke Grimes, Marcia Gay Harden, Jennifer Ehle, …
Synopsis : L’histoire d’une romance passionnelle, et sexuelle, entre un jeune homme riche amateur de femmes, et une étudiante vierge de 22 ans.