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Critique de « La Planète des Singes : l’Affrontement » par E-Stark

« Le virus avait été créé par des scientifiques en laboratoires, ne blâmez pas les singes. »

Keri Russell « La Planète des Singes : l’Affrontement »
de Matt Reeves (2014)

Je l’attendais beaucoup, j’avais littéralement adoré « La Planète des Singes: Les Origines ». Il émanait de ce film une telle densité narrative, et une telle émotion qui manque pourtant cruellement d’habitude aux gros blockbusters d’été. Non seulement ce film parvenait à dépoussiérer la mythologie initiée par Pierre Boule dans son roman, mais en plus il redonnait un souffle au genre du film d’action et de science-fiction à propos humanistes.

movie-dawn-of-the-planet-of-the-apes_167224Quelle fut donc ma surprise lorsque j’ai découvert « La Planète des Singes: L’Affrontement ». Non pas que le film soit décevant, au contraire car on y retrouve tout ce qui faisait une partie de la force du premier film, à savoir le visuel et la cohérence. Non ce qui pose problème dans ce nouveau chapitre, c’est la facilité de développement que prend l’histoire ainsi que son manque de surprises, mais aussi et surtout la narration déplorable qui à force de vouloir raconter trop de choses, se perd dans une débâcle d’idées qui n’aboutissent plus sur rien.
Lorsque l’on reprend les rennes d’une franchise bien implantée dans les mémoires comme l’est « La Planète des Singes », la moindre des choses est de tenter de la dépoussiérer tout en lui donnant un caractère plus moderne. C’est ce que faisait « Les Origines », et ce que ne fait malheureusement pas « L’Affrontement ».

Alors que le film possède l’énorme potentiel de parler de la dualité de l’homme face à son équivalent primate, en prenant le chemin du dialogue entre les deux espèces pour tenter d’éviter le conflit, Matt Reeves choisit la voie de la grandiloquence visuelle (et réussie cela-dit), au profit d’une banale histoire de confrontation pour un territoire, puis pour la supériorité d’une espèce. Avec « La Planète des Singes » il y a matière à faire plus que cela, et dans un sens Reeves semble en être conscient, comme en témoigne sa narration bordélique qui pioche un peu partout des idées.

dawn-planet-apesAu-delà du développement sans surprises, axé sur un jeu de contrastes en miroir, avec les singes et leurs alter-égaux humains (Cesar/ Malcolm, Koba/ Dreyfus), l’intrigue tente de se développer de manières plus ambitieuses, notamment en ce qui concerne le questionnement des hommes face aux singes et vice-versa, de la place et l’utilité des deux espèces dans cette nouvelle ère, ou bien encore du chemin que doit suivre le fils du meneur. Tout ceci s’avère réjouissant en début de film, et pourtant ces belles promesses s’effondrent dans la seconde partie.

Outre cela il faut aussi reconnaître les qualités indéniables que le film comporte, seulement c’est à partir de cet instant que le constat devient douloureux, car nous avons ici de bonnes choses qui n’ont pas la chance de servir des ambitions abouties. Par ce que malgré tout, la société simiesque dépeinte dans le film s’avère cohérente et crédible, notamment en ce qui concerne le langage utilisé par les singes. L’idée de les faire parler de vive voix avec parcimonie s’avère judicieuse, ainsi le langage des signes qu’ils utilisent spontanément devient tout à fait naturel et donne une sensation d’authenticité agréable. L’idée de briser les castes sociales est également intéressante, elle aide à ancrer le film dans son époque, là où notre société vise à faire tomber les barrières de la différences.
dawn-planet-apes-koba-weaponIl est donc dommage de voir à quel point une grande attention a été portée à la civilisation des primates, ne les rendant pas plus humains, mais leur donnant une identité propre, alors que le scénario, lui, s’acharne à faire le contraire.
On peut aussi noter que la musique est de très bonne facture, elle rappelle parfois les thèmes utilisés dans le film de 1968, d’ailleurs les hommages à ce dernier sont assez nombreux sans que cela devienne lourd.
Bien entendu il faut aussi parler de l’ambiance visuelle absolument remarquable, les décors foisonnent de détails. Andy Serkis quant à lui sait toujours insuffler autant d’émotion au personnage de Cesar, et ses acolytes tels que Judy Greer (Cornelia la femelle de Cesar) et Toby Kebbell (Koba) n’ont pas grand chose à lui envier.

 

Alors c’est donc une semi-déception pour ma part que ce nouveau film sur « La Planète des Singes ». Pourtant ce n’est pas faute d’avoir ici un véritable potentiel et de bonnes idées, quel dommage que cet ensemble plein de promesses s’étiole pour sombrer dans une trame si banale. J’ai rarement été aussi triste en sortant d’une salle de cinéma …

 

Ma note: 5,5/10

Cinéphile parfois cinéphage, j'aime écrire et lire des critiques. Je voue un véritable culte à Terrence Malick et Tim Burton, mais je suis d'une manière générale assez éclectique en matière de cinéma. Bonne lecture ... ou pas !

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