Critique de « Soyez sympas, rembobinez » par Quentin
Le Cinéma pour tous.
Pour son cinquième long métrage, Michel Gondry, réalisateur français à qui nous devons notamment l’excellent « Eternal Sunshine of the Spotless Mind » et le fascinant « The We and the I », porte un regard tendre et intelligent sur l’art qui est le sien tout en innovant avec beaucoup de savoir-faire pour produire un sentiment de nouveau sur le paysage cinématographique. Plus qu’une simple comédie, « Soyez sympas, rembobinez » est un véritable cri du coeur envers ce qui fait le cinéma, le vrai, tout en jonglant avec des thématiques très pertinentes traitant par exemple de l’image du père et de l’accessibilité d’un art.
Situé dans un quartier new-yorkais défavorisé des années 2000, le film narre l’histoire de deux amis effaçant par mégarde les cassettes VHS du vidéoclub dans lequel ils travaillent. Afin de réparer leurs erreurs, le tandem va se lancer dans la réalisation de films « suédés », sortes de remakes des films les plus populaires du magasin, le tout avec les moyens du bord. Ce qui était au départ une simple bêtise va vite prendre une ampleur qui les dépassera…
Si il est certain que le long métrage ne marquera pas à long terme et que nous ne sommes pas face à un classique instantané pour ses quelques longueurs, « Soyez sympas, rembobinez » fait pourtant l’effet d’une véritable bulle d’air frais au milieu de cet amas de blockbusters occupant de plus en plus une partie essentielle de la sélection cinématographique qui nous est proposé. Michel Gondry réalise là un film des plus intéressants et drôles, utilisant son sujet en or avec beaucoup de justesse et de minutie. Faussement naïf et foisonnant d’idées, le film est un appel à l’imaginaire, à la création, nous rappelant que le cinéma est une très grand famille faites pour tous, peut importe l’ethnie, le groupe social et la religion à laquelle nous appartenons. Si tout cela est malheureusement bien utopique, le long métrage est néanmoins porteur d’espoir et délivre un très fort message autour de la dynamique de groupe, la solidarité et la puissance de l’amour pour les choses qui nous passionnent. Fort d’un casting intelligemment construit (L’opposition d’un cinéma révolu avec les deux grands noms Danny Glover/Mia Farrow et du cinéma d’aujourd’hui avec Jack Black et la star du hip-hop Mos Def est brillante), « Be Kind, Rewind » (titre original du film) est une ode au cinéma populaire comme il l’est à un cinéma plus intime. On apprécie aussi les sonorités très « Jazzy » dans lequel baigne le long métrage, accentuant cet effet d’échappée poétique et décalée dans une Amérique assommée par sa situation financière. En conclusion, j’ajouterais que l’ambiance burlesque et la mise en scène soignée du réalisateur sont également les ingrédients parfaits de ce très bon feel good movie, que je vous recommande chaudement.
Note : 3,5/5.
Quentin
« Soyez sympas, rembobinez » de Michel Gondry, sorti le 22 février 2008 dans les salles françaises, avec notamment Mos Def, Jack Black, Mia Farrow, Melonie Diaz et Danny Glover.