La critique qui pétrifie !
Nous revoilà pour la critique du second volet des aventures d’Harry Potter avec un nouvel enjeu, de nouveaux personnages et de nouveaux moments émotions ! Après être parvenus à reprendre la pierre philosophale au nez (enfin, si on peut dire ça…) et à la barbe de Voldemort et accessoirement à sauver Poudlard, Harry et ses amis espèrent bien vivre une deuxième année des plus normales. Mais c’est sans compter Dobby, l’elfe de maison et les sombres évènements qui ne tardent pas à faire leur apparition dans l’école de sorcellerie…
La scène d’exposition fait office d’angoisse imagée, et surtout pour notre personnage principal : on y voit une succession de pâtés de maisons moldus, toutes plus similaires les unes que les autres dans une formation qui donnerait presque le tournis. L’environnement radicalement différent de Poudlard aurait pu être supportable si Harry ne vivait pas chez son oncle et sa tante, ces derniers ayant eu l’immense générosité d’offrir une chambre (la deuxième de Dudley en plus !) à leur neveu. Le contraste entre la chambre d’Harry et le reste de la maison est d’ailleurs plutôt intéressant : le salon des Dursley est chatoyant, rempli de photos et de bibelots divers tandis que sa chambre est presque dénuée d’objets personnels et hérite de couleurs franchement pas pimpantes, les seules nuances agréables étant les objets qui renvoient à Poudlard (cravate, robe de quidditch…). Heureusement, après l’intervention incongrue de Dobby qui vient mettre en garde Harry d’un grand danger avec force autoflagellations et l’arrivée tout aussi inattendue des Weasley pour extirper leur ami de cette situation invivable, l’ambiance du Terrier est un régal visuel ! C’est tout à fait ce que l’on peut attendre d’une maison de sorciers : c’est biscornu, dépareillé, chaleureux et rempli de phénomènes purement magiques. Nous avons ainsi la même réaction qu’Harry qui, bien que sorcier, ne connaît encore pas grand chose du monde de la sorcellerie : on trouve ça génial.
En parlant de décors, Poudlard s’en sort aussi très bien dans ce deuxième film avec des pièces inédites, à savoir la salle du cours de métamorphoses, le bureau de Dumbledore et la chambre des secrets de laquelle le film tire son nom. La première est ornée d’animaux exotiques, que l’on peut deviner être utile pour les sortilèges de métamorphose tandis que le bureau du directeur de l’école est dotée d’une très riche décoration, qui, au-delà de son usage principal, est un véritable portrait de son propriétaire : l’escalier en forme de griffon rappelle sa maison d’étudiant (qui est Gryffondor, vous ne vous vous en seriez pas doutés), le nombre impressionnant de livres et documents qui montrent son érudition et son phénix – à l’animation quelque peu ralentie – qui est son animal préféré et patronus (sortilèges de protection prenant la forme d’un animal). La chambre des secrets, enfin, est…humide, mais imposante et composée d’un corridor encadré de grandes têtes de serpents qui débouche sur un portrait de Salazar Serpentard monumental.
Ce film est la dernière fois que nous voyons Albus Dumbledore joué par Richard Harris, qui décède peu après la fin du tournage d’Harry Potter et la Chambre des Secrets. Le Dumbledore de Mr Harris fut l’homme prestigieux, seul mage capable de rivaliser avec le plus effroyable des sorciers et de représenter l’âme de Poudlard et ses fondateurs. Ce fut celui qui a donné 160 points de dernière minute à Gryffondor parce qu’il en avait envie et qui a annulé des examens de fin d’année, parce que. Cet article est l’occasion de rendre hommage à son interprétation juste et magique. Pour ce qui est des autres prestations, celle de Kenneth Branagh est à retenir particulièrement car son personnage de Gilderoy Lockhart est vraiment hilarant et il fait d’ailleurs partie de la majorité des scènes comiques du film. L’arrivée de nouveaux personnages récurrents est plutôt bien amenée : Cornélius Fudge tout d’abord, le ministre de la magie, qui apparaît derrière Dumbledore et qui est présenté comme le patron du père de Ron Weasley avant la précision qu’il est le ministre de la magie. Et surtout, Lucius Malefoy, père de Drago, qui est pour sa part tout à fait capable de se présenter par lui-même. Il n’est cependant pas difficile de comprendre son identité entre les longs cheveux blonds et sa propension à être incroyablement désagréable. Sa première apparition constitue un face à face mitigé avec Harry, Hermione et une partie des Weasley, qu’il injure tous un par un avec, semblerait-il, un vif plaisir, ce qui est en effet très Malefoy-like. On comprend rapidement qu’il va devenir un antagoniste de premier plan par la suite.
Ce film comprend donc quelques différences avec le premier opus avec plus de scènes à vocation comique qui fonctionnent bien (la couardise de Gilderoy Lockhart, la personnalité haute en couleur de Dobby, le running gag avec Errol etc.) et à l’inverse quelques passages plus noirs. Il introduit pour la première fois un plan sombre sur Poudlard avec d’impressionnants nuages et des orages, ce qui produit un fort contraste avec l’image gentillette de l’école de sorcellerie qui semblait être un havre de paix pour Harry après tant d’années de souffrance. En effet, ce deuxième film signe bel et bien la fin de l’innocence et le début d’obscurs ennuis qui n’iront que de mal en pis. Il est aussi la preuve que même les personnages les plus candides ne sont pas exempts d’actes néfastes ou d’avoir leur part d’ombre. En guise de preuve on voit donc un parallèle habilement mener entre Harry Potter et Tom Jedusor qui prononcent mot pour mot les mêmes paroles à Dumbledore quand il leur demande s’ils souhaitent se confier à lui : « Y-a-t-il quelque chose dont tu voudrais me parler ? – Non monsieur, il n’y a rien. – Bon… très bien, tu peux partir. », ou encore des distorsions sur le flash-back concernant Ginny Weasley qui illustrent judicieusement l’état second qu’elle subissait en effectuant ses sombres agissements. Enfin la scène dans la forêt interdite avec Aragog tourmente suffisamment notre côté arachnophobe pour être efficace et même si cette acromentule géante est dotée d’une animation très paresseuse, sa voix (surtout en V.O) est presque glaçante. Ses « enfants » font donc le gros du travail, avec un jeu intéressant sur le premier et les arrières plans et un Deus Ex Machina cocasse finit d’achever ce qui est l’une des meilleures scènes du film.
Au chapitre des points négatifs, car oui, si j’avais pu l’éviter pour Harry Potter à l’école des sorciers, ce n’est pas possible cette fois, on retrouve quelques incohérences qui feraient grincer des dents les plus tatillons comme un fantôme qui fait éclabousser de l’eau et un autre qui peut se décoller la tête du cou avec des bruits de chair : même dans le monde des sorciers cela paraît peu probable. Le mixage audio est souvent dans les chaussettes et le doublage français laisse vraiment à désirer (sans jouer les puristes à deux mornilles, je vous conseille vraiment un visionnage en VOSTFR pour éviter une synchronisation labiale désastreuse). Je gardais pour la fin le pire, c’est-à-dire cet ÉNORME faux raccord durant la scène du club de duel pointé par beaucoup de personnes sur le net. Pendant que Severus Rogue relève Drago on peut en effet voir un membre de l’équipe technique à genoux au beau milieu des autres élèves. L’intervention de ce moldu à Poudlard est moyennement appréciable…
Au final, malgré un certain relâchement de la réalisation, ce volet est une bonne introduction à l’esprit radicalement différent du prochain film avec ses bons moments comiques ou au contraire ténébreux et une très jolie scène finale dont les applaudissements à l’unisson et la belle musique de John Williams donnent des frissons.
Cette critique était sponsorisée par les têtes bizarroïdes de Ron Weasley.