Critique de « Kingsman : Services Secrets » par E-Stark
« Je suis une saloperie de catholique, j’ai des relations sexuelles en dehors du mariage avec mon amant juif et black, qui travaille dans une clinique d’avortement. Alors vive Satan, et passez une bonne après-midi madame. »
Colin Firth – « Kingsman : Services Secrets » de Matthew Vaughn (2015)
Toute cette hype autour de ce Kingsman a de quoi refroidir, alors comme à mon habitude, c’est après la tempête que je décide de rattraper mon retard.
Que peut on attendre d’un film comme Kingsman en voyant sa bande-annonce ? Un film qui se la joue « cool » avec visiblement beaucoup de références (à Tarantino notamment et aux James Bond évidemment), une ambiance plutôt décalée et drôle, ainsi qu’un casting qui fait franchement rêver. Au final il faut bien avouer que c’est ce que l’on nous sert. Malgré tout, ce flot de références que sert Matthew Vaughn s’avère divertissant c’est certain, mais très imparfait dans ses contrastes.
C’est le soucis lorsque dans un film tout repose sur ce travail d’ambiance décomplexée, il faut que l’écriture derrière tienne la route, et le problème avec Kingsman, c’est que si son scénario n’a aucun mal à convaincre, il demeure terriblement creux car bien trop souvent montré au cinéma.
On peut évidemment noter quelques fulgurances artistiques fortement appréciables, comme la scène de l’église par exemple, ou bien encore celle des têtes qui explosent, c’est totalement jouissif c’est vrai, mais quand on prend du recul, on constate rapidement que tout ceci ne sert jamais une histoire qui a le mérite d’être plus palpitante et qui ne fait ni plus ni moins office que de faire-valoir, d’autant plus que certains retournements majeurs du scénario se laissent prédire bien trop facilement.
Jetez moi la pierre si vous voulez, mais ce que fait Matthew Vaughn avec son Kingsman, c’est sensiblement la même chose qu’avec son X-Men : Le Commencement. Un jeune élu, un apprentissage, et des choix. Bien entendu les antagonistes et enjeux de Kingsman sont plus burlesques, mais pas vraiment ambitieux.
Quant au casting, là je dois bien avouer qu’il fait parfaitement son oeuvre. De Colin Firth qui excelle dans son rôle d’agent anglais au flegme imparable (bien que finalement quand on y réfléchit, il n’y a rien de surprenant là-dedans), au jeune Taron Egerton, parfaite tête à claque attachante. Le cheveux sur la langue de Samuel L. Jackson s’avère en revanche totalement irrésistible, c’est une facilité d’écriture pour composer le personnage c’est vrai, mais ça vaut vraiment son pesant de pop-corns. Il serait également difficile de faire l’impasse sur Mark Strong, véritablement étonnant dans ce rôle, et Michael Caine que l’on ne présente plus, lui aussi parfait. La jolie Sofia Boutella, campe quant à elle un rôle bad-ass, qui ne révolutionne pas ce genre de personnages, mais elle a au moins le mérite d’être en parfait adéquation avec ce dernier.
Bref ce Kingsman est en demi-teinte, si le film ne peine jamais à divertir, il est tout de même très loin de son potentiel de départ. Faire un film cool n’exclue pas pour autant de lui insuffler de l’émotion, mais ce n’est apparemment pas la priorité de Matthew Vaughn ici, à l’instar de l’écriture d’ailleurs …
Ma note : 5,5/10