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Critique de « White Bird » par DeltaFox

Kat est une jeune fille comme les autres. 17 ans, adolescente en quête d’identité, à l’âge où  » les hormones explosent » comme elle le dit si bien au psy qu’elle voit régulièrement. Il y a une raison à ces rendez vous. Kat, à 17 ans, est sans nouvelles de sa mère, disparue mystérieusement un matin. Maintenant seule avec son père, un homme effacé, Kat plonge dans son passé, pourtant si bref. Les relations houleuses avec sa mère, ses rencontres amoureuses, sa vie.

 

C’est dans une salle presque vide que je me suis installée un mercredi, pour la sortie de ce film au casting intéressant et à l’affiche intriguante. Aux vues de la bande annonce, je ne m’attends à rien. Un esthétisme particulier, une étoile montante d’Hollywood et l’histoire des relations mère-fille. Pourtant, il y a quelque chose dans White Bird qui nous laisse pensif. Peut être le silence, ou bien la quiétude dans laquelle se retrouve le spectateur, enfermé dans un décors presque trop lisse. Nous sommes ici en 1988, avec une adolescente écoutant du Cocteau Twins dans son mp3, que dis je, son lecteur de CD. Mais nous ne sommes pas rassuré pour autant. Il y a dans l’atmosphère le poids de cette disparition, la disparition d’une mère dépressive et déchirée, lassée de la vie ennuyeuse que lui a offert un mari tout aussi ennuyeux. Bien loin d’être bouleversée par le départ de sa mère, l’héroïne a quelque chose d’irréelle, s’amusant à chercher des théories sur l’envolée de sa mère plutôt que de pleurer son absence. Pourquoi l’a pleurer d’ailleurs, elle qui n’était que haine envers sa fille, le reflet d’une jeunesse qui l’a quitte peu à peu, d’une sexualité qui s’éveille et qui déchirent les deux personnages par sa jalousie.

 

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Qu’on aime ou non le scénario de White Bird, une chose semble, à mes yeux, incontestable: Eva Green, une actrice qui continue de tout détruire sur son passage, crevant l’écran de tous les films dont elle fait partie. Terrifiante, envoutante, mystérieuse, c’est avec une adresse presque surréaliste que l’actrice jongle entre les émotions, les sensations du spectateur. C’en est presque énervant: représentée à différents moments de sa vie, on jurerait voir le personnage vieillir sous nos yeux, porté par un regard magnétique, une aura dont seule Green semble avoir le secret.

Cette aura, le film en est embaumé. Assise dans mon siège, l’écran, par ses images, m’enveloppe dans une ambiance étrange, où chaque gestes, évènements demeurent dans le non dit, l’implicite. C’est d’ailleurs le mode de fonctionnement de la famille de Kat, les Connors.

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Le silence, gêné ou bien poli, suite à la disparition d’Eve. Rien ne va plus mais personne ne le dira.

Ce non dit, c’est ce qui crée une distance assez bien maitrisée entre nous et Kat, pourtant personnage principal du film,  que l’on suit tout au long du récit. C’est peut être par son attitude que l’on tend à se distancer d’elle. Elle, qui est si, paisible, si apte aux changements. Du moins, c’est ce qu’elle nous dit, c’est ce qu’elle fait. Cependant, White Bird est emprunt de clichés sur l’adolescence qui tend à rendre le récit moins universel. Kat est à elle seule la représentation caricaturale d’une jeune adulte en quête d’identité, avec une représentation bien trop édulcorée de son quotidien. Kat est alors plus une représentation qu’un vrai personnage, oscillant entre les expériences sexuelles, les folies vestimentaires et les soirées arrosée de champagne, comme le tableau un peu trop facile d’une jeunesse libérée.

Cependant, il y a dans le film de Gregg Araki quelque chose d’agréablement cynique avec une fin intéressante qui l’emmène loin des oeuvres stéréotypées sur l’adolescence et les relations familiales houleuses. Alors, intrigués?

Deltafox

Je m’appelle Juliette et j’ai ( pour l’instant ) 20 ans, je suis étudiante en cinéma et donc plutôt intéressée par ce milieu. J’adore les ours polaires, la nourriture, la musique classique et je suis une accroc des séries TV.

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