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Critique de « Barbie » par Quentin Penel

Après avoir fait couler tout le rose à disposition des plus grands artisans hollywoodiens actuellement en activité, c’est d’encre et de fureur que le troisième long-métrage de la fascinante Greta Gerwig se parsème. Quand le glas de la fin de l’été aura sonné, tout le monde aura posé son mot sur le phénomène made in Warner Bros, faisant par ailleurs l’effet d’un défibrillateur sur l’immense studio américain, décidément toujours au rendez-vous des pierres angulaires de la grande histoire du septième art, presque aussi vieux que celui-ci.

D’étrangeté à événement, Barbie aura été beaucoup de choses, et les hauteurs stratosphériques actuelles atteintes par le film auront rapidement eu l’effet d’un repoussoir pour beaucoup, loin des nuances. Pour autant, l’objet et l’autrice qui le porte méritent discussion, à ne pas ranger trop hâtivement dans la simple catégorie du bonbon pop inoffensif.

L’un des petits miracles des corpulentes productions hollywoodiennes reste la force et la portée de leurs chevaux de Troie, et en cela Barbie deviendra à n’en pas douter un cas d’école. Chacun placera le curseur de son appréciation du coup porté au patriarcat par la réalisatrice là où bon lui semblera, mais la sincérité qui émane du long-métrage est à mon sens unique.

Il suffit d’une larme coulant sur la joue de Barbie, et une somptueuse séquence de contemplation de tous les instants d’humanité pouvant être glanés dans un parc, pour que l’oeuvre explose les barrières du genre. Une exhortation à respirer et saisir toute notre simplicité et complexité, loin du tumulte occupant une grande partie de la production actuelle. Hollywood n’avait peut-être pas disséminé un si grand instant de vérité aussi poignant et doux-amer que depuis la scène du cri de Furiosa dans le chef-d’oeuvre de George Miller, Mad Max : Fury Road, sorti en 2015.

Le film de Greta Gerwig est un spectacle complet, une merveille pour les yeux diablement référencée auprès des plus grands magiciens ayant porté le septième art à son meilleur, de Jacques Tati à Jacques Demy. On pourra regretter la légère perte en subtilité qui jalonnait les précédentes pièces de la créatrice, ses Little Women ayant été brillamment réinventées en 2019 et son Lady Bird était l’un des coming-of-age les plus justes de ces dernières années. Pour autant, le film est une bulle d’authenticité dans l’amour que porte l’interprète principale – Margot Robbie, au sommet de tout – et sa metteuse en scène pour le voyage initiatique de leur héroïne en plastique. Une oeuvre qui promeut, avant toute chose, l’humain, au-delà des courses à la démarcation créatrice et compétitive, simplement une ode à la jouissance de la vie, à la puissance d’un souffle, d’une larme, d’une étreinte. Barbie est un film fascinant dans ce qu’il incarne, promesse certaine d’un changement. L’histoire du futur très proche d’Hollywood verra quelles leçons en auront été tirées. 

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