La critique-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom
Il est vrai que je vous ai accoutumé aux critiques de films écrites avec plusieurs semaines voire mois de décalage sur leurs sorties en salles mais jamais avec 19 ans de retard ! Eh oui, il s’agissait d’un habile moyen de vous faire prendre un léger coup de vieux car le premier volet des aventures d’Harry Potter est sorti en 2001. Si j’ai attendu tant de temps avant de franchir le pas et d’écrire à propos de ma saga littéraire et cinématographique préférée, c’est parce que je n’étais pas sûre d’avoir le recul nécessaire pour proposer une critique en bonne et due forme. Et puis, finalement, partant du postulat que de toute façon il est impossible de produire une critique à 100% objective, je suis désormais prête à vous offrir ma critique d’Harry Potter à l’école des sorciers (et certainement des autres films de la franchise plus tard). Sans compter que le confinement m’ennuie à mourir et que cela m’a paru être une bonne occupation.
Je vais lancer la critique en affirmant quelque chose que certains pourront trouver exagéré : la saga Harry Potter et son premier film ont laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du cinéma et ce, à l’instar des autres sagas qu’elle a côtoyé. En effet si Star Wars fait partie de celles qui ont mis en lumière le concept de franchise cinématographique et que Le Seigneur des Anneaux semble avoir réinventé la définition du terme « épique », Harry Potter a posé les bases de ce que j’appellerai la saga d’apprentissage : le héros grandit et mûrit en même temps que son spectateur et produit ainsi un impact très personnel dans le cœur de ce dernier. Ce fut mon cas et celui de la plupart des autres potterhead (= aficionados de l’univers Harry Potter) et tout en reconnaissant que de nombreux films sont sans doute plus qualitatifs, nous garderons inlassablement une affection particulière pour cette saga et déborderons toujours d’énergie pour la défendre, avec force arguments bien sûr. Cela ne veut pas dire que c’est un film parfait loin de là mais, à mon sens, ce premier film Harry Potter s’en sort assez bien.
Derrière la caméra, on retrouve Chris Columbus, bien connu pour ses films familiaux que l’on se plaît par exemple à regarder pendant les fêtes de fin d’années tels Maman, j’ai raté l’avion ! ou Madame Doubtfire avec le regretté Robin Williams, et ce n’est donc pas étonnant de le voir à la réalisation de l’opus qui a la lourde tâche d’introduire la magie à nous tous, pauvres moldus que nous sommes. Il a donc mobilisé toute la technique pour y parvenir et le résultat est plutôt satisfaisant. Une scène d’exposition du chemin de traverse qui insiste sur les devantures des boutiques et qui a même un petit pouvoir immersif, un plan nocturne majestueux pour la première fois que l’on voit Poudlard… De manière générale, les plans sont au service de la magie comme en témoignent les quelques plans larges qui jouent sur la plongée/contre-plongée et démontrent avec brio l’immensité et le faste de l’école de sorcellerie britannique. On trouve également certains gros plans choisis sur des éléments purement magiques : le rapeltout de Neville ou les yeux jaunes de Mme Bibine, la professeure de vol, par exemple. Enfin, un autre élément qui est fortement présent et qui donne une grande part d’âme au film, c’est la bande originale ! Et pour cela il faut remercier le Dieu des B.O : John Williams, qui n’est plus à présenter. Ce dernier a su capter les ambiances et émotions exactes telles qu’elles ont été décrites dans le roman et chaque fois que l’on entend une musique, sa présence est totalement justifiée. Qui n’a pas eu au moins une fois un frisson ou la gorge nouée en entendant Leaving Hogwarts ou tout simplement les toutes premières notes du Prologue devenu aussi mythique que le thème de Star Wars ou Jurassic Park ? Je plaide coupable !
On pourra également remarquer le soin prêté aux décors qui sont féériques à la période de Noël et attentifs aux petits détails : on aperçoit ainsi un rouleau de peinture et une balayette dans le placard-chambre d’Harry, un portrait de famille des Dursley sans Harry (évidemment) dans le salon ou encore un fanion de l’équipe de Quidditch favorite de Ron Weasley lors du plan sur le dortoir de Gryffondor. En parlant de petits détails, il n’y a pas que les décors qui s’y attachent car c’est aussi le cas de la réalisation. Nous pouvons ainsi souligner que la première fois qu’Harry échange de vraies paroles dans le film, ce n’est pas avec son oncle, sa tante ou son cousin mais avec le serpent du zoo et que le souffle produit par sa future baguette chez Ollivander dévoile sa cicatrice qui était cachée derrière des mèches de cheveux. Ces deux éléments sont intéressants lorsque l’on sait que Harry possède le très rare don de parler aux serpents (chose que l’on n’apprend pas dans ce premier volet) et que la baguette de celui qui lui a infligé ce stigmate possède une plume d’un phénix qui en a fourni une seule autre pour celle de notre héros. Chris Colombus a pensé à tout et aussi à proposer de vrais bons moments de cinéma ! L’image ci-dessus n’est pas sélectionnée par hasard car la scène sportive qui montre le match de Quidditch opposant Gryffondor et Serpentard fait partie de ces bons moments avec ce qu’il faut d’action et de dynamisme. Aucun participant du match n’est lésé, on évite ainsi des plans inutiles sur Harry qui ne bronche pas pendant une bonne partie du temps de jeu pour se concentrer aussi bien sur les poursuiveurs des Serpentard que le gardien des Gryffondor et même le public est bien là : salves d’applaudissements, écharpes rouge et or ou vert et argent plein les yeux, grands sourires ou petites déconvenues…C’est comme si on y était ! Cela dit le plus beau passage reste la partie d’échecs géants dans la dernière partie du film qui atteint presque l’épique par sa présentation et sa représentation. C’est le moment dans lequel le personnage de Ron Weasley peut enfin briller et montrer de quoi il est capable alors qu’il était jusque-là le copain nigaud d’Harry. On y découvre un jeune garçon doué et courageux qui est prêt à se sacrifier pour ses amis et la paix dans le monde des sorciers sans l’ombre d’un doute. C’est la première fois qu’on le voit aussi déterminé et sûr de lui et sa noblesse d’âme sera d’un grand secours pour leur quête. Le suspens est ainsi très bien amené, aidé par les jeux de lumière et l’agressivité des pièces du jeu qui prennent vie, le tout dans une animation convaincante. Je pourrais vous décrire encore tout un tas de moments et de scènes remarquables et émouvantes comme la belle transition entre l’hiver et le printemps qui se fait via Hedwige, ou le moment où Harry découvre ses parents à travers le miroir du Riséd mais je préfère vous laisser (re)succomber à la magie par vous-même. Et peut-être serez-vous aussi ébahi devant votre écran que Harry l’a été en découvrant Poudlard !
⚡ Et surtout, en cette période où les forces du mal rôdent plus que jamais, restez chez vous, regardez Harry Potter ⚡